Tout semble indiquer désormais que le président Obama va faire payer aux démocrates le prix d’une politique incomprise par l’Amérique profonde. Mais d’aucuns prédisent qu’il saura transformer la défaite en victoire.

«Chronique d’une défaite annoncée» pour Barack Obama: c’est le titre d’un blog du Monde, qui fait des liens vers beaucoup d’autres sites américains passionnants. Car selon un sondage réalisé pour la chaîne de télévision NBC News et le Wall Street Journal, rendu public dimanche, 84% des électeurs américains se déclarent insatisfaits de la situation économique de leur pays. Près de la moitié d’entre eux préférerait ainsi que le Congrès soit contrôlé par les républicains et 43% par les démocrates. Par ailleurs, 40% des personnes interrogées estiment que «ce serait une bonne chose» que les républicains contrôlent à la fois la Chambre des représentants et le Sénat et 34% que ce serait «une mauvaise chose». Mais «la rage contre Obama est un business qui rapporte», selon la Tribune de Genève, qui analyse le rôle de l’ultraconservatrice et partisane chaîne d’information en continu Fox News.

Les chiffres sont accablants pour l’administration démocrate, qui essuie les effets dévastateurs de la crise financière: 60% pensent que le pays est mené dans la mauvaise direction et encore davantage affirment vouloir «un important changement» ou «un certain changement». Mais à part cela, «faut-il faire de la chasse un droit inscrit dans la Constitution? légaliser la marijuana? changer le nom de l’Etat du Rhode Island? Mardi, relève 24  h eures, les électeurs ne détermineront pas seulement le sort qu’ils réservent à Barack Obama ces deux prochaines années en lui imposant ou pas une cohabitation avec les républicains au Congrès. Au niveau local, ils se prononceront sur de nombreuses initiatives. Il y en a 155 au total dans 36 Etats», dont beaucoup disent qu’elles intéressent davantage les citoyens que les législatives.

N’empêche: Courrier international écrit qu’il faut «remettre le pays sur les rails», et c’est «ce qui va se passer» après la raclée que vont se prendre les démocrates, prédit le Washington Post. Qui entonne le refrain de toute la presse conservatrice, qui fustige un président selon elle trop dépensier, à l’instar du Washington Times. Car les partisans de Barack Obama «refusent toujours de voir la réalité en face», juge The Weekly Standard dans une opinion mettant la gauche américaine en demeure: «Messieurs les démocrates, réveillez-vous!» Aux yeux du chroniqueur de gauche Bob Herbert, qui s’exprime dans le New York Times, cela s’explique par leur «incapacité à redresser l’économie». Mais après tout, une défaite pourrait aussi servir la Maison-Blanche, selon le même journal. «La chance d’Obama serait de perdre la Chambre» et de récupérer les faveurs de l’opinion après la promulgation de lois impopulaires, renchérit l’historien Justin Vaïsse sur Challenges.fr. Mais attention tout de même: «Les républicains débarquent», prévient The New Republic, et l’ultraconservateur Tea Party est en forme, «son heure est arrivée», annonçait il y a un mois le magazine Time.

A la veille de ces élections de mi-mandat, le blog AmericaPolyphony, hébergé par Courrier international, propose un choix de dossiers comme celui, très bon, de Radio-Canada, ou celui de la Télévision suisse romande, avec notamment six reportages à visionner. Et des choses à écouter, également, tels les contributions de la radio France Inter dans les Etats clés ou ceux de France Info, titrés «Plongée dans l’Amérique d’Obama». «Six choses à savoir» absolument? C’est l’approche, très didactique, adoptée par Slate, et aussi par le site de la RTBF, avant le dernier rush du clan Obama ce lundi, notamment décrit par le Washington Post et par L’Express.

Si l’on préfère une vision plus humoristique, on ira vers cette «typologie des candidates femmes, de la «maman grizzly» à la «tigresse des affaires», toujours sur Slate, ou vers la «petite liste sélective des pires candidat-e-s de ces élections parlementaires», dressée par Rue89, de ces «farfelus, racistes et/ou ignares, ces candidats, souvent issus» de ce Tea Party – dont La République des lettres décrit la constellation – qui ne craignent pas les attaques en dessous de la ceinture» et font payer au Parti démocrate ce que le quotidien algérien El Watan appelle le prix d’une «politique incomprise par l’Amérique profonde».

Et pendant ce temps, toujours aussi populaire, la First Lady monte au front, lit-on sur le site d’ Europe 1. Son capital de sympathie à elle n’a pas été écorné depuis l’élection de son mari, il y a deux ans. Même que le magazine Forbes a récemment élu Michelle Obama comme la «femme la plus influente du monde». En coulisses, le camp démocrate parle d’elle comme d’«une arme secrète». Comparable à celle de Ramsès II? se demande Métro Montréal: «Il y a 4000 ans, le plus célèbre des pharaons égyptiens livra bataille aux puissants Hittites. Son grand génie fut de transformer sa défaite militaire à Qadesh, dans l’actuelle Syrie, en victoire politique, avec la signature du premier traité de paix de l’Histoire.»