Mercredi, une note de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (IRSN) a apporté des informations rassurantes concernant l’impact éventuel de la baisse du niveau du lac réservoir de Kakhovka sur la sûreté de la centrale nucléaire de Zaporijia, qui en dépend pour son refroidissement. «Il n’y a pas de risque à court terme», résume l’IRSN, qui suit la situation de cette centrale au jour le jour depuis le début du conflit. Selon l’organisme, le niveau de remplissage des bassins jouxtant la centrale lui donne plusieurs semaines d’autonomie de refroidissement, notamment parce que les six réacteurs sont à l’arrêt depuis plusieurs mois.
Comment le barrage de Kakhovka a-t-il été détruit?
Alors que l’Ukraine et la Russie s’accusent mutuellement d’en être responsables, trois hypothèses sont sur la table
Mis en service en 1955, le barrage de Kakhovka est un édifice de faible hauteur qui barrait le cours du Dniepr pour produire de l’électricité et stocker de l’eau douce dont une partie alimentait la Crimée. Depuis février, le niveau d’eau dans le barrage a augmenté, si bien que ce dernier a par moment été submergé. Cela a-t-il pu endommager sa structure et provoquer un accident? Difficile de le dire même si des images satellites montraient des dégâts antérieurs: un segment de la route qui le parcourait a disparu quelques jours avant que l’édifice ne lâche ses eaux.
L’hypothèse d’un acte volontaire semble plus probable, d’autant plus que la population locale a fait état d’une puissante explosion mardi à 2h50 du matin, juste avant que l’eau ne commence à s’écouler. «Il me semble peu probable qu’un bombardement ait pu provoquer cette destruction, explique Patrick Le Delliou, enseignant à l’Ecole nationale des travaux publics de l’Etat (Vaulx-en-Velin) et vice-président du Comité technique permanent des barrages et des ouvrages hydrauliques, un organisme qui conseille le gouvernement français. Pour un barrage de ce type, on peut envisager un sabotage avec une quantité appropriée d’explosifs placés dans les galeries à l’intérieur de l’édifice [ce que laisse entendre Volodymyr Zelensky, ndlr]. Mais faute d’informations précises sur la structure de l’édifice et sur son état, il est impossible de trancher en faveur de l’une ou l’autre des hypothèses.»