L’aviation syrienne bombardait samedi la banlieue de Damas, où se joue désormais la bataille en Syrie, au moment où internet et le téléphone étaient rétablis dans le pays, coupé du monde depuis près de trois jours.

Les militants craignaient le pire, voyant l’annonce d’un possible «massacre» dans ce black-out entamé au moment où les combats gagnaient pour la première fois en 20 mois de violence les abords de l’aéroport international de Damas.

Le régime, qui a lancé jeudi une vaste offensive pour reconquérir un rayon de huit kilomètres autour de la capitale, veut à tout prix conserver Damas et sa banlieue pour être en position de négocier une issue au conflit, selon les experts.

De fait, l’aviation et les troupes pilonnaient de nouveau samedi les vergers qui bordent Damas où les rebelles ont établi leurs bases arrière. Elles bombardaient notamment les localités de la Ghouta orientale, traversée par la route de l’aéroport international.

Samedi, le ministère de l’Information a une nouvelle fois martelé que «l’aéroport fonctionne normalement et la route y menant est totalement sécurisée», selon la télévision d’Etat.

Néanmoins, l’ONU a annoncé qu’un de ses convois quittant l’aéroport de Damas avait essuyé vendredi, pour le deuxième jour consécutif, des tirs d’origine indéterminée.

«L’armée veut prendre le contrôle du côté est de l’aéroport (la Ghouta), où se trouvent des milliers de terroristes et cela va prendre plusieurs jours», a déclaré à l’AFP une source de sécurité. Le régime assimile les rebelles à des «terroristes».

L’armée reprend un champ de pétrole

Alors que les violences ont gagné en intensité et surtout atteint la capitale et sa proche banlieue, l’émissaire Lakhdar Brahimi a dit redouter que la Syrie ne devienne un «Etat en décomposition avec toutes les conséquences désastreuses pour le peuple syrien, pour la région et pour la paix et la sécurité internationales».

Dans l’est du pays, où se trouve la plus grande zone géographique échappant totalement au régime, l’armée a repris le champ pétrolier Al-Omar, après l’avoir abandonné jeudi, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Les rebelles n’avaient pas investi le champ, «redoutant qu’il ne soit miné», a expliqué à l’AFP le chef de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Cette infrastructure est stratégique car elle est l’une des dernières positions des troupes à l’est de la ville de Deir Ezzor, non loin de l’Irak.

En novembre, les rebelles ont porté un coup, surtout symbolique, au régime en prenant le plus important champ pétrolier du pays ainsi que plusieurs autres réserves de gaz et de brut.

La production pétrolière syrienne, principalement destinée à la consommation intérieure, qui s’élevait à 420.000 barils par jour, a été réduite de moitié depuis le début en mars 2011 d’une révolte populaire devenue conflit armé.

Dans le nord du pays, 14 rebelles ont péri dans des combats contre des membres des forces pro-gouvernementales aux abords d’une base de la défense aérienne, a rapporté l’OSDH, faisant état d’un premier bilan de 66 morts à travers la Syrie samedi.

L’ONU a estimé que 700.000 réfugiés auraient fui la Syrie d’ici janvier, une augmentation spectaculaire alors que le conflit atteint «des niveaux épouvantables de brutalité».

Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a appelé les pays arabes à unir leurs efforts avec la Turquie pour mettre fin au «massacre du peuple syrien».