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Le Bavarois Stoiber probable challenger de Schröder

La CDU doit décider avec qui elle compte regagner la Chancellerie perdue.

Le 22 septembre 2002, quatre mois après les Français, les Allemands renouvelleront à leur tour leur personnel politique. Qui emmènera l'opposition pour faire tomber le chancelier social-démocrate (SPD) Gerhard Schröder? La rivalité qui oppose depuis des mois la présidente de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Angela Merkel, et le président de sa branche bavaroise (la CSU), Edmund Stoiber, est en train de tourner à l'avantage du second.

Angela Merkel désavouée

Deux échéances cette semaine doivent préparer l'attribution du rôle de challenger de Schröder au ministre président de la Bavière. La décision définitive suivra vite, sans doute encore en janvier. Schröder, dont la popularité est menacée par le mauvais climat économique et la hausse du nombre des chômeurs – on saura mercredi si la barre symbolique des 4 millions est franchie –, ne pourra alors plus détourner l'attention du public des vrais problèmes intérieurs. «Elle ne sait pas si elle peut, il ne sait pas s'il veut…», se moquait-il des divisions et des incertitudes qui ont parfois ridiculisé, et sans doute affaibli, la CDU ces derniers temps.

Le fait d'être femme, centriste et Allemande de la partie orientale dessert aujourd'hui Angela Merkel. Mais c'est son manque d'autorité à la tête du parti populaire conservateur qui l'a coulée. La protégée de Helmut Kohl – elle lui succéda à la tête de la CDU en avril 2000 – se sait désavouée par les siens. Elle cherche à sauver la face, tant il est insultant pour un leader de la CDU de devoir s'éclipser devant le chef du parti «frère» mais néanmoins détesté.

Pour la CDU, la question est de savoir si elle est capable, après quatre ans de pause gouvernementale, de convaincre les Allemands que l'expérience rose-verte est un échec. Véritable «animal politique», Stoiber souffrira toutefois d'être un Bavarois. Au nord de la rivière Main, la Bavière, avec son esprit de supériorité et sa prétention à être un modèle en tout, horripile les Allemands. Le Munichois, qui a grandi dans l'ombre de Franz Joseph Strauss, relativise l'obstacle: «Si Bayern Munich peut gagner la Champions League, je ne vois pas pourquoi un Bavarois ne peut pas devenir chancelier d'Allemagne.»

Pour le SPD, qui se targue d'avoir plus changé l'Allemagne en une législature que la CDU en quatre, la perte du pouvoir serait un coup très dur. Ce scénario signifierait que l'élection de Schröder en 1998 n'aurait pas été le choix délibéré de la modernité, mais plutôt le désaveu d'un Helmut Kohl usé par un règne de seize ans et s'accrochant, comme un crocodile, au pouvoir.