«Autosatisfaction politique»
Du côté des républicains, qui ont souvent accusé le président de pratiquer l’apaisement, l’affirmation de Barack Obama en tant que commandant en chef des armées irrite. Ils vont même jusqu’à décrier le choix de la Situation Room comme cadre d’une interview. L’ex-candidat à la Maison-Blanche John McCain a des mots très durs: «Honte à Barack Obama qui réduit la mémoire du 11-Septembre et l’élimination d’Oussama ben Laden à une publicité politique de bas de gamme. […] C’est un acte pathétique d’autosatisfaction politique.» Il reste que pour le président, la stratégie est risquée. Il s’expose à de sévères critiques si l’Amérique devait subir de sérieux revers sur le front extérieur.
Mais elle se comprend. Tout président démocrate doit prouver d’une manière ou d’une autre qu’il peut aussi utiliser la force quand cela est nécessaire. En 1980, Jimmy Carter en était bien conscient, lançant une opération spéciale en plein désert iranien pour tenter d’aller récupérer les otages de l’ambassade américaine de Téhéran. Mais le raid se solda par un cuisant échec.
En 2004, George W. Bush n’avait pas agi différemment de Barack Obama pour sa réélection. Il avait axé une grande partie de sa campagne sur le renversement de Saddam Hussein. Pour sa part, le probable candidat républicain à la Maison-Blanche Mitt Romney a tenu à rassurer, affirmant qu’il aurait lui aussi décidé d’attaquer le repaire d’Abbottabad. Lundi, la polémique ne s’est cependant pas arrêtée là. Se basant sur un rapport sur le travail de la CIA qui sera publié prochainement, les sénateurs démocrates Dianne Feinstein et Carl Levin, présidant les commissions du Renseignement et de la Défense, ont jugé fallacieux l’argumentaire d’anciens responsables de l’administration Bush, dont Jose Rodriguez, auteur du livre Hard Measures qui explique que les simulations de noyade exercées sur des détenus ont fourni des informations permettant de tuer Ben Laden.