Alors que le gouvernement a lancé une vaste opération de lutte contre la fraude fiscale et a décidé d'augmenter les impôts pour les plus hauts revenus, Silvio Berlusconi s'est insurgé: «C'est un gouvernement qui est contre l'économie, l'épargne, l'école, la recherche, l'université. C'est un gouvernement contre la famille qui pousse à la haine et à la jalousie et qui ne promeut pas la concorde sociale [...] Ceux qu'ils appellent les riches, nous les avons vus manifester aujourd'hui, les artisans, les petits et moyens entrepreneurs, les professions libérales, les chercheurs, les retraités, le peuple des épargnants.» Peu habitué à fouler le pavé, l'électorat modéré était ainsi très mobilisé samedi dans les rues de la capitale. Encouragé par 700000 manifestants (deux millions selon les organisateurs), Silvio Berlusconi a ensuite estimé que «faire chuter Prodi est possible».
Effet contraire
«J'exclus que la manifestation puisse avoir le minimum d'effet sur la stabilité du gouvernement» a répliqué le président du Conseil, Romano Prodi. D'autant que paradoxalement, la démonstration de force du Cavaliere pourrait renforcer la très hétéroclite majorité de centre gauche. Samedi, tout en insistant sur la nécessité de constituer un grand parti unitaire de la droite et en laissant entendre que l'ancien ministre des Affaires étrangères Gianfranco Fini pourrait un jour lui succéder, Silvio Berlusconi a fait savoir que c'était encore lui le patron de l'opposition. De quoi pousser la gauche à resserrer les rangs et passer outre ses divisions.
Trop fort, en termes politique, économique et médiatique pour être mis de côté, Silvio Berlusconi apparaît néanmoins aujourd'hui trop faible pour renverser Romano Prodi. Samedi, l'UDC, l'autre parti de centre droit qui a recueilli près de 7% des voix lors des dernières législatives avait d'ailleurs refusé de participer à la manifestation estimant, selon certains de ses dirigeants, que «la coalition de centre droit est terminée, le roi (ndlr: Berlusconi) est mort, vive le roi».