Aujourd’hui, d’aucuns parlent plutôt de fin de règne. Soupçonné d’avoir violé l’Etat de droit dans l’affaire Ruby, le président du Conseil n’en finit pas de défrayer la chronique en exhibant une vie privée comme autant de trophées, symboles d’un machisme d’un autre âge.

Homme d’affaires fructueux, Silvio Berlusconi a eu le talent de révolutionner la politique italienne en inventant, bien avant Nicolas Sarkozy ou David Cameron, l’art d’une nouvelle communication politique. Ses ressorts: le paraître, le succès personnel, le sexe et la projection de l’image du chef qui a réussi et qui incarnerait à sa manière le rêve italien. Cette révolution est passée par un contrôle accru des télévisions du pays que 80% des citoyens disent utiliser comme première source d’information. Elle est aussi passée par la mise en place d’une «machine électorale» taillée sur mesure pour Berlusconi et qui, au fil du temps, est devenue une machine à tuer, dans une veine plébiscitaire, toute contestation au sein de son propre parti. La guerre ouverte de cet été entre Silvio Berlusconi et Gianfranco Fini a montré à quel point le Cavaliere était prêt à recourir à tous les moyens – presse inféodée à son clan, pressions, rumeurs infondées – pour discréditer un rebelle de son propre camp. La technique est connue: il suffit d’allumer des contre-feux pour occulter les scandales à répétition dont le chef du gouvernement s’est fait l’auteur. L’exercice berlusconien du pouvoir est si révolutionnaire qu’il apparaît comme une négation même de la politique dans son sens le plus noble, quitte à rendre obsolètes des valeurs qui fondent pourtant nos démocraties: Etat de droit, respect des institutions et de l’adversaire.

La dispute entre un berlusconisme de droite et un anti-berlusconisme de gauche est désormais dépassée. Le consensus de droite autour du Cavaliere a volé en éclats. La patronne des patrons, Emma Marcegaglia, avoue son dégoût et appelle à la dignité. Le Corriere della Sera exhorte le pays à se dire la vérité: Berlusconi n’est plus l’homme de la situation. Quant à Gianfranco Fini, il pourrait être celui qui incarne les espoirs d’une nouvelle droite, moderne, institutionnelle.