Jeudi soir, alors que des milliers de sinistrés s’apprêtaient à passer une deuxième nuit dehors par des températures inférieures à zéro, le Premier ministre Wen Jiabao est arrivé sur les lieux de la catastrophe, dans la ville de Jiegu. Il a décidé d’ajourner sa tournée en Asie du sud-est prévue la semaine prochaine.

Le président Hu Jintao, en visite au Brésil, a écourté, lui, sa tournée latino-américaine et renoncé à se rendre au Venezuela et au Chili pour rentrer à Pékin, en raison du séisme qui a frappé une zone difficile d’accès de la province du Qinghai, proche du Tibet, tôt mercredi.

Le tremblement de terre de magnitude 7,1, selon les autorités chinoises – de 6,9 selon l’Institut de géophysique américain qui utilise la «magnitude de moment» – a fait 617 morts, 313 disparus et 9110 blessés, dont 970 grièvement, selon le dernier bilan provisoire de la télévision officielle. C’est le séisme le plus meurtrier en Chine depuis celui du Sichuan voisin, qui avait fait il y a deux ans 87’000 morts et disparus.

La secousse a détruit quasiment toutes les habitations de Jiegu, où plus de 85% des bâtiments se sont effondrés, et quelque 100’000 personnes se retrouvent sans abri, a indiqué l’agence Nouvelles de Chine (semi-officielle). «La situation est très difficile, les dégâts sont énormes», a déclaré à l’AFP un Français travaillant pour une ONG à Jiegu, Pierre Deve.

Selon Wang Yubo, responsable de l’éducation de la province du Qinghai, au moins 11 écoles ont été détruites, provoquant la mort de 66 élèves, rappelant le précédent douloureux du tremblement de terre du Sichuan où des milliers d’enfants ont péri dans l’effondrement des écoles.

La télévision officielle diffusait des images de sauveteurs s’affairant dans les décombres pour tenter d’atteindre des élèves emprisonnés sous les gravats. Elle a également montré des images de survivants extraits des bâtiments en ruines par des sauveteurs se glissant sous des chapes de béton et des entrelacs de fils de fer, ou de médecins pratiquant des opérations chirurgicales d’urgence sous des tentes. «Merci, merci, je ne l’oublierai jamais!», criait une adolescente alors qu’on l’extrayait avec précaution des gravats d’un bâtiment de la police, devant les caméras de la CCTV.

Mais les sauveteurs travaillaient souvent à mains nues et étaient handicapés par l’insuffisance d’équipements et la raréfaction de l’oxygène avec l’altitude. Les médecins opéraient des rescapés en urgence et procédaient à des amputations dans des conditions très précaires, parfois sous des tentes.

Le président Hu a appelé les sauveteurs à faire tout leur possible pour retrouver des survivants. Plus de 6000 soldats ont été envoyés sur place. En milieu de matinée jeudi, selon Nouvelles de Chine, 1045 personnes avaient été extraites des décombres. Mais le bilan pourrait encore s’alourdir dans cette région pauvre et isolée, en raison du nombre élevé de disparus et de personnes grièvement blessées. Les blessés les plus graves ont été transportés vers des hôpitaux à Xining, la capitale provinciale à 800 km de là, ou à Chengdu, celle du Sichuan.

Le gouvernement a annoncé l’allocation d’une aide d’urgence de 21,5 millions d’euros mercredi pour les secours et des pays comme les Etats-Unis et la France ont offert leur assistance. Jeudi, les communications avaient été rétablies dans les six districts de Yushu, selon le gouvernement. Mais les sismologues ont fait état du risque de répliques.