Abdelaziz Bouteflika a obtenu 12’911’707 voix, soit 90,24% des suffrages exprimés, a déclaré le ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni au cours d’une conférence de presse. Louisa Hanoune, présidente du Parti des travailleurs (PT, trotskiste), est arrivée en deuxième position avec 4,22% des suffrages, a-t-il ajouté.

Viennent ensuite Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA, nationaliste) avec 2,31%, Djahid Younsi (El Islah, islamiste modéré) avec 1,37%, Ali Fawzi Rebaïne (AHD-54, nationaliste) avec 0,93% et Mohamed Saïd (Parti de la Justice et liberté, PJL, islamique modéré) crédité de 0,92%.

M. Bouteflika, 72 ans, a été élu en 1999 et réélu en 2004 avec 84,99% des voix. Il pourra se prévaloir de ces chiffres pour légitimer son troisième quinquennat grâce à une participation conséquente et une «majorité écrasante», comme il l’avait réclamé dès l’annonce de sa candidature.

Les six candidats à cette présidentielle, hantés par une possible abstention massive, ont tous axé leur campagne électorale sur la nécessité impérieuse pour les Algériens de voter. Ils entendaient légaliser le scrutin que les opposants traditionnels, le jugeant «gagné d’avance», ont boycotté.

Selon le ministère de l’Intérieur, la participation constatée a effacé ces craintes. Le taux a atteint jusqu’à 30% en Kabylie, un score totalement inhabituel dans cette région généralement peu tentée par les urnes. La plus forte participation a été enregistrée dans la région de Khenchela (97,42%), à 500 km au sud-est d’Alger, dans les Aurès.

Le président français Nicolas Sarkozy a adressé «ses chaleureuses et amicales félicitations» au président algérien. Selon un communiqué de l’Elysée, il réaffirme son attachement à la construction d’un «partenariat d’exception» entre la France et son ancienne colonie. Depuis son élection en mai 2007, Nicolas Sarkozy s’est rendu à deux reprises en Algérie.

Des candidats ont fait état dès jeudi soir de «cas de fraude», comme Mohamed Saïd ou Moussa Touati, qui a dénoncé un taux de participation «exagéré». Le directeur de campagne de M. Younsi, Djamel Benabdeslam, a évoqué un taux «gonflé». L’opposition a évalué ce taux entre 18 et 25%.

Cependant, le chef de la mission d’observation de la Ligue arabe Chadli Nefati s’est félicité jeudi de l’organisation «irréprochable» et du «climat serein» qui ont marqué le déroulement du vote, a rapporté l’agence algérienne d’information APS.

Outre la Ligue arabe, l’Algérie avait invité l’ONU, l’Organisation de la conférence islamique et l’Union africaine. Celle-ci a dépêché une centaine d’observateurs pour plus de 47’000 bureaux de vote installés dans le pays.

M. Bouteflika a aujourd’hui les mains libres pour poursuivre sa politique économique et de réconciliation nationale. Mettant en avant le bilan de ses dix dernières années au pouvoir, le chef de l’Etat a évoqué durant sa campagne un référendum sur une «éventuelle» amnistie générale en faveur des islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) encore en activité.

Cette amnistie viendrait conforter la politique de réconciliation nationale mise en place en 2000, qui a permis à des milliers d’islamistes de se rendre après une décennie de violences qui ont fait au moins 150’000 morts.