Le groupe pétrolier BP craint de devoir assumer un désastre écologique encore plus important que prévu si tous ses efforts pour stopper l’écoulement de brut échouent. Le groupe britannique a annoncé lundi que la marée noire lui avait déjà coûté 350 millions de dollars. La somme, qui va certainement enfler devant les tribunaux où une série de plaintes ont été déposées par des pêcheurs et des commerces locaux, pourrait s’évaluer au final en milliards.

BP avait placé tous ses espoirs dans la pose d’une sorte d’entonnoir d’acier de 12 mètres de haut et une centaine de tonnes, afin de récupérer le pétrole qui se répand au rythme de 800’000 litres par jour au fond du golfe, à 80 km des côtes de Louisiane. Mais le groupe a été contraint samedi de retirer cette chape en raison de la présence de cristaux similaires à de la glace, qui se sont formés sous l’effet combiné du gaz et de l’eau. Du coup, BP envisage d’autres solutions plus étonnantes et va jusqu’à solliciter les idées de monsieur Toulemonde sur le site deepwaterhorizonresponse.com et via un numéro vert.

L’amiral Thad Allen, responsable des garde-côtes et chargé de coordonner les opérations par l’administration américaine, a ainsi annoncé que BP prévoyait de prendre «un tas de débris, des morceaux de pneus, des balles de golf et d’autres choses du même genre et de les injecter sous très haute pression […] pour voir s’ils peuvent stopper la fuite». Doug Suttles, directeur d’exploitation de BP a confirmé lundi matin sur la chaîne NBC que cette méthode insolite qu’il a présentée comme une «injection de cochonneries» était envisagée. Il a aussi évoqué la pose d’un dôme de plus petite taille que le «couvercle», qui serait moins susceptible de voir se former des cristaux, ou encore la mise en place d’une valve sur le conduit percé.

BP a aussi entrepris de créer un puits de secours pour boucher définitivement le puits principal mais les forages vont prendre près de 3 mois. Et le groupe utilise aussi des dispersants pour protéger la faune et la flore des Etats concernés. Le responsable a souligné qu’il y avait «de nombreuses méthodes disponibles» pour endiguer la fuite, mais que le problème était «qu’aucune n’avait été expérimentée à 1500 mètres de profondeur».

«Je ne peux pas vous dire si une de ces méthodes va marcher, mais tant que nous aurons encore des possibilités, nous continuerons d’essayer. L’objectif est d’arrêter la fuite», a-t-il insisté. Mais ces solutions expérimentales pourraient aussi se révéler dramatiques, des experts ayant mis en garde contre la possibilité d’endommager la structure à la sortie du puits, ce qui risquerait de multiplier la fuite par douze.

Le président américain Barack Obama devait se réunir lundi avec des membres de son administration pour examiner les efforts en cours. BP n’est pas le seul à recourir à des méthodes inédites face à la catastrophe. L’association www.matteroftrust.org a ainsi eu l’idée de récupérer des cheveux aux quatre coins des Etats-Unis pour remplir des bas qui seront utilisés comme éponges à pétrole. La police de Floride a suggéré pour sa part d’utiliser des ballots de paille pour protéger les plages.