Au Brésil, les forces de l'ordre démantèlent un gang qui préparait des assassinats politiques
Brésil
L'organisation criminelle «avait l'intention de s'en prendre à des fonctionnaires et des élus», dont l'ancien ministre de la Justice Sergio Moro, rapporte la Police fédérale. Neuf suspects ont été interpellés

Les forces de l'ordre au Brésil étaient mobilisées, mercredi, pour une opération visant à démanteler un réseau criminel «qui avait l'intention de s'en prendre à des fonctionnaires et des élus», selon la Police fédérale (PF), évoquant des plans d'«homicides et d'extorsion après enlèvement». «Les attaques auraient pu avoir lieu de façon simultanée» dans cinq Etats brésiliens, a ajouté la PF.
Le ministre de la Justice, Flavio Dino, nommé en janvier par le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, a confirmé que la police avait «identifié un plan d'homicides de plusieurs hauts fonctionnaires, dont un sénateur et un procureur», sans citer de nom.
Au total, onze mandats d'arrêt ont été émis et neuf suspects ont été interpellés. Les policiers ont également mené 24 perquisitions, dans la capitale Brasilia et dans les Etats de Sao Paulo (sud-est), Mato Grosso do Sul (centre-ouest), Rondonia (nord) et Parana (sud).
Sergio Moro, cible du gang
De sources policières ont confirmé à l'AFP que le sénateur Sergio Moro, ex-ministre de la Justice du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, était l'une des cibles de ce gang lié au Premier Commando de la Capitale (PCC), une des principales factions criminelles qui dominent le trafic de drogue en Amérique Latine.
Sobre os planos de retaliação do PCC contra minha pessoa, minha família e outros agentes públicos, farei um pronunciamento à tarde na tribuna do senado. Por ora, agradeço a PF, PM/PR, Polícias legislativas do Senado e da Câmara, PM/SP, MPE/SP, e aos seus dirigentes pelo apoio e…
— Sergio Moro (@SF_Moro) 22 mars 2023
Cet ancien juge anticorruption a fait état sur Twitter d'un «plan de représailles du PCC» contre lui et a remercié les policiers.
En 2019, lorsqu'il était ministre, Sergio Moro avait ordonné le transfert dans des prisons de haute sécurité du leader historique du PCC, Marcos Willian Herbas, dit «Marcola», et de 21 autres membres de cette faction.
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En tant que juge, Sergio Moro s'est rendu célèbre pour son rôle dans la méga-opération anticorruption «Lavage-Express». En 2017, il avait condamné Lula en première instance à plus de neuf mois de prison pour corruption et blanchiment. Ce dernier a été incarcéré 18 mois en 2018 et 2019. En 2021, la Cour suprême a annulé toutes les condamnations de Lula, estimant que le juge Moro avait été «partial».
Bolsonaro accuse la «gauche»
Cette opération des forces de l'ordre a rapidement fait l'objet de commentaires politiques, dans un contexte de forte polarisation au Brésil.
L'ancien président d'extrême-droite Jair Bolsonaro, vaincu aux dernières élections par Lula, a lié le plan d'assassinat de Moro à la «gauche» sans présenter de preuves.
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«En 2018, Jair Bolsonaro et maintenant Sergio Moro. Ce ne peut pas être une simple coïncidence», a-t-il tweeté, faisant référence au coup de couteau dans l'estomac qu'il avait reçu lors de sa première campagne présidentielle. «Le pouvoir absolu à tout prix a toujours été l'objectif de la gauche», a ajouté Jair Bolsonaro, qui se trouve actuellement aux Etats-Unis.