Les budgets de défense mondiaux repartent à la hausse
Armement La progression est particulièrement marquée en Russie, en Chine et au Moyen-Orient. Les dépenses américaines sont en tête
Pour la première fois depuis 2009, les budgets de défense mondiaux vont globalement renouer avec la croissance en 2014, annonce le groupe d’experts londonien IHS Jane’s, dans son rapport annuel publié mardi.
Derrière ces chiffres se confirme le basculement en cours parmi les puissances. «Tandis que les budgets militaires de nombreux pays, parmi les nations majeures de l’OTAN, vont continuer à se contracter dans les douze prochains mois, le centre de gravité des dépenses de défense va se déplacer vers le sud et l’est, suivant le mouvement de la croissance économique globale», résume Paul Burton, analyste chez IHS. Ce groupe d’experts a étudié les 77 plus gros budgets mondiaux, représentant 97% des dépenses militaires de la planète.
La Russie troisième
Les dépenses américaines restent de loin les plus importantes, avec 582 milliards de dollars (530 milliards de francs) en 2013. Mais selon les projections de ce rapport, les dépenses des 28 pays de l’OTAN seront dépassées par celles du reste du monde non otanien en 2021.
Dès 2015, les budgets cumulés de la Chine et de la Russie passeront devant ceux de l’Union européenne. A cette même date, la Chine seule dépensera plus pour sa défense (159 milliards de dollars) que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne réunis (149 milliards), selon le pronostic d’IHS. Même sans la Chine, l’Asie-Pacifique dépassera l’Europe de l’Ouest en 2015.
La Russie, avec une augmentation annoncée de 44% de son budget de défense dans les trois ans, s’installe à la troisième place mondiale. Son effort portera le poids de la défense à 20,6% des dépenses fédérales en 2016, contre 15,7% en 2013, selon IHS.
En 2013, la Russie, l’Asie et le Moyen-Orient ont tiré la hausse mondiale des marchés de défense. Au Moyen-Orient, les crises régionales ont même conduit à une course accélérée aux armements. La zone compte ainsi quatre des cinq progressions budgétaires les plus rapides de l’année: l’Arabie saoudite, Oman, Bahreïn, et l’Irak – la cinquième étant celle de l’Angola, qui ne dépense encore «que» 6,5 milliards de dollars.
«Depuis 2011, illustre Fenella McGerty, l’une des analystes, le budget de défense d’Oman a crû de 115%, passant de 4,7 milliards de dollars à 9,2 milliards.» Celui de l’Arabie saoudite (près de 43 milliards) a augmenté de 30%, et même de 19% pour la seule année 2013, dans le contexte de la crise syrienne. De gros achats d’armement américain (avions et hélicoptères) nourrissent cette envolée. Le royaume saoudien est aussi devenu le premier client de l’industrie de défense française, avec près de 30% de ses prises de commandes en 2013.
L’Algérie dans le Top 20
Dans ce tableau, l’Afrique n’est pas en reste. «L’Afrique subsaharienne présente des opportunités à long terme pour les entreprises de défense», affirme le rapport, sur la foi de la croissance des dépenses de l’Angola, du Nigeria et de l’Afrique du Sud, soit +18% pour ces trois pays en 2013.
Fait notable, l’Algérie entre dans le Top 20 d’IHS, avec un budget de 10,8 milliards de dollars. Elle se place juste derrière Israël, 19e du classement. Le pays n’était qu’au 26e rang en 2009, et 22e en 2012. «Nous estimons que l’Algérie a les dépenses militaires les plus élevées en Afrique en 2013, après avoir dépassé l’Egypte en 2009», indique l’analyste d’IHS Craig Caffrey. «Son projet de budget pour 2013 allouait 10,4 milliards de dollars au Ministère de la défense, en augmentation de 14,2% sur l’année précédente, ce qui le porte à 5% du PIB.» Et fait de l’effort de défense algérien un des plus élevés du monde.