A Marine Le Pen et à sa nièce Marion Maréchal le soin de tourner la page de l’affrontement familial avec le «patriarche» Jean-Marie. Toute la journée de samedi, au Parc Chanot de Marseille où se tient l’université d’été du Front National, la présidente du parti d’extrême droite et la benjamine de l’Assemblée nationale se sont employées à dire que leur père et grand-père ne parviendra pas à semer un trouble durable dans les rangs de leur formation.

Qu’importe, si le «Menhir» a annoncé hier dans la cité phocéenne vouloir lancer un «Rassemblement Bleu-Blanc-Rouge» qui ressemble trait pour trait au «Rassemblement Bleu Marine» destiné à agréger au FN les voix d’indépendants non membres de la formation, dont l’avocat et député Gilbert Collard. Qu’importe, aussi, le fait que Jean-Marie Le Pen se soit dit prêt à faire exister ce nouveau mouvement «en dehors» du Front National, réveillant le spectre de possibles candidatures dissidentes aux régionales de décembre.

Lire aussi notre reportage à Marseille: «Au Front National, la «génération Jean-Marie» refuse de faire son deuil».

La réalité semblait, samedi, l’avoir emporté: en renonçant à se présenter à l’université d’été, où Marine Le Pen a prévenu qu’il ne serait pas refoulé malgré son exclusion du parti le 20 août, le fondateur du parti semble avoir plié devant le rapport de force. Même si son irruption, ce dimanche, lors du discours public de sa fille à 15 heures, pourrait relancer la guerre des nerfs…

Trois régions au FN?

Place donc à la politique et à la campagne pour les élections régionales des 6 et 13 décembre. Le FN se dit capable de remporter plusieurs régions: La Picardie-Nord-Pas de Calais, où Marine Le Pen sera tête de liste, L’Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes où Florian Philippot, vice-président du parti, conduit les troupes, et bien sûr la Provence-Alpes-Côte d’Azur, où Marion Maréchal mène la danse… Avec un nouveau leitmotiv: réaffirmer la défense de la souveraineté et de l’identité française en… pilonnant l’Allemagne et les «diktats» d’Angela Merkel sur la gestion de la crise grecque et l’accueil des migrants. «L’Allemagne a besoin d’esclaves bon marché. Ses propositions de quotas de migrants ne répondent qu’à une logique: celle de la cause cynique du grand capitalisme allemand. Le seul objectif est de combler le déficit démographique à bas prix» a asséné samedi en séance plénière Florian Philippot. Ajoutant aussitôt n’accepter qu’un seul quota pour la France: «Le quota zéro».

Le discours électoral du FN apparaît donc calé: pas question de céder à la compassion sur la question des migrants, malgré l’émotion suscitée par l’image du jeune enfant noyé, échoué sur une plage turque. «Je suis comme les Français face à cet afflux: dans la colère» a lancé samedi la présidente du Front National, qui devrait de nouveau s’exprimer sur le sujet dans l’après-midi.

Suit l’artillerie politique: sortie de l’espace Schengen, promesse d’un référendum sur la sortie de la France de l’Union européenne en cas de victoire de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017, reconduction systématique des clandestins à la frontière, suppression de l’aide médicale publique pour les étrangers en situation irrégulière, dénonciation des négociations en cours sur le traité de libre-échange transatlantique synonyme, selon Florian Philippot, d’«OGM, d’eau de Javel et de bœuf aux hormones» pour les agriculteurs de l’hexagone déjà confronté à la détérioration dramatique de leurs conditions de vie…

Le «parasitage» Jean-Marie Le Pen n’est pas encore complètement dissipé. Mais le Front National, fort de son enracinement local accru au fil des municipales de 2014 et des départementales de 2015, est bel et bien en ordre de bataille.