Chanteurs écartés pour non-patriotisme
ouzbékistan
Cinq groupes locaux de variétés interdits de se produire en public jusqu’à nouvel avis
L’histoire
Le patriotisme n’est pas facultatif en Ouzbékistan. Cinq groupes locaux de variété l’ont appris à leurs dépens. Ils ont, depuis un mois, l’interdiction de se produire en public. Le comité officiel de promotion culturelle, Uzbeknavo, leur reproche en effet de ne pas chanter la nation. Il épingle aussi des textes et des musiques trop futiles, qui ne mettent pas en valeur l’héritage culturel du pays.
Le président Islam Karimov tient le pays d’une main de fer. L’industrie du spectacle y est strictement contrôlée et toutes les productions artistiques, de la variété à la littérature, qui expriment des idées considérées comme dissidentes sont systématiquement censurées. Pour pouvoir se produire sur scène, ou lors de cérémonies de mariage, les groupes musicaux doivent préalablement obtenir une licence auprès d’Uzbeknavo.
Dilfuza Rakhimova, Otabek Mutalhojaev, Dilshod Rakhmonov ainsi que les groupes de variété Ummon et Mango ont donc vu leurs licences retirées et sept autres artistes sont sous le coup d’un avertissement. «Nous ne devons pas oublier notre devoir de chanter les louanges de notre nation, de notre peuple et de notre bonheur», a rappelé Uzbeknavo.
Gulnara Karimova, la fille du président, pousse aussi la chansonnette, entre autres activités lucratives. Elle a même invité Gérard Depardieu à lui donner la réplique dans un duo qui ne marquera sans doute pas l’histoire de la musique. Mais bien que ses textes ne soient pas empreints de patriotisme, et qu’elle chante en anglais, Gulnara Karimova ne risque pas les foudres de la censure. En ce qui la concerne, les autorisations ne sont pas nécessaires. D’ailleurs elle ne chante que pour des auditeurs triés sur le volet, pas pour les Ouzbeks ordinaires, qui, selon un câble diplomatique de 2005, rendu public par WikiLeaks, la détesteraient autant qu’ils craignent son père.