Le CICR forcé de suspendre ses activités humanitaires au Soudan

Afrique L’organisation veut accéder à d’autres régions que le Darfour

C’est par courrier que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est vu notifier la suspension de ses activités au Soudan. La lettre a été envoyée la semaine dernière par la tatillonne Commission des affaires humanitaires (HAC), qui supervise le travail des organisations étrangères sur le territoire soudanais. La mesure est effective depuis le 1er février.

Le gouvernement de Khartoum reproche au CICR de «mener des activités en dehors du mandat fixé par le droit international et l’accord avec le gouvernement». Dans un communiqué, la HAC a rappelé que l’institution basée à Genève ne pouvait travailler que par l’intermédiaire du Croissant-Rouge soudanais.

Le CICR ne souhaite pas s’étendre sur les reproches qui lui sont faits. Des négociations sont, en effet, en cours avec les autorités soudanaises pour la reprise des programmes. A Genève, on minimise, en évoquant «des difficultés techniques». «L’an dernier, nous avons fourni une assistance à 1,5 million de Soudanais, essentiellement au Darfour», explique Jean-Yves Clémenzo, porte-parole du CICR. Plus de 700 personnes travaillent pour l’organisation humanitaire au Soudan, dont une immense majorité d’employés locaux. Khartoum délivre en effet les visas pour les étrangers au compte-gouttes. La plupart du temps, ceux-ci sont assignés dans la capitale.

Une guerre oubliée

Le Soudan est très soucieux de ne pas multiplier les témoins étrangers au Darfour, toujours en proie aux combats. En 2009, Khartoum avait expulsé une dizaine d’ONG, leur reprochant d’avoir collaboré avec la Cour pénale internationale qui venait d’inculper Omar al-Bachir. Le président soudanais est accusé de crimes contre l’humanité et de guerre commis au Darfour.

Cette région de l’ouest du Soudan n’est pas le seul endroit sensible. La moitié des 19 Etats du pays est touchée par des troubles, et l’ONU estime que 6,1 millions de Soudanais ont besoin d’assistance. Le CICR réclame de pouvoir accéder au Sud-Kordofan et au Nil Bleu, à la frontière avec le Soudan du Sud. Depuis la création du jeune Etat en 2011, Khartoum veut en finir avec les groupes rebelles qui soutenaient auparavant le mouvement sudiste, mais qui se sont retrouvés du mauvais côté de la nouvelle frontière. Depuis 2011, aucune aide n’a pu parvenir aux secteurs sous contrôle des insurgés. Une guerre oubliée menée à huis clos.