Cinq pays s’opposeraient à l’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU
Proche Orient
Selon un télégramme d’ambassadeur rapporté par «Haaretz», les Etats- Unis, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la République tchèque auraient dit à Israël vouloir voter «non»
Israël s’attend à un vote massif à l’ONU en faveur de l’adhésion d’un Etat de Palestine en septembre, malgré son opposition et celle des Etats-Unis. C’est ce qu’indique un télégramme de l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, a rapporté dimanche le quotidien Haaretz (l’article, en anglais).
Dans ce télégramme, dont la teneur a été confirmée de source diplomatique, l’ambassadeur Ron Prosor exprime son pessimisme sur les chances d’Israël de contrer cette initiative à l’Assemblée générale de l’ONU le mois prochain. «Le mieux que nous puissions espérer, c’est qu’un groupe d’Etats s’abstiennent ou ne soient pas présents lors du vote», remarque le diplomate israélien.
Selon Haaretz, seuls cinq pays ont informé Israël à ce jour qu’ils voteraient contre l’adhésion d’un Etat palestinien: les Etats- Unis, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la République tchèque.
Le ministère israélien des Affaires étrangères s’attend en conséquence à ce que 130 à 140 pays sur les 193 Etats-membres votent en faveur d’un Etat de Palestine, soit une confortable majorité des deux tiers.
Les Palestiniens veulent obtenir une adhésion à part entière de leur Etat à l’ONU et la reconnaissance de la Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avant la Guerre des Six jours, soit la totalité de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est. Les Palestiniens espèrent obtenir le soutien de «plus de 150 pays» membres de l’ONU.
Les Etats-Unis menacent cependant d’utiliser leur veto au Conseil de sécurité pour empêcher la requête, dans la mesure où une demande d’adhésion à l’ONU doit être validée par le Conseil. Pour contourner cette opposition, les Palestiniens pourraient demander directement à l’Assemblée générale «d’élever (leur) statut à l’ONU d’observateur à Etat non membre».
Cette formule leur permettrait de devenir membre à part entière de toutes les agences de l’ONU, comme l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), l’Unesco, l’Unicef.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a lui appelé samedi Catherine Ashton, la cheffe de la diplomatie de l’UE, à contribuer à ce que l’Europe appuie la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU.
«Le président Abbas a demandé à Mme Ashton d’aider à ce que l’Europe vote pour l’adhésion», a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat à l’issue d’une rencontre entre les deux responsables à Ramallah.
Il a dit que la cheffe de la diplomatie européenne avait réservé sa réponse, se bornant à indiquer que le soutien de l’Europe dépendrait du «texte qui sera soumis par les Palestiniens aux Nations Unies» et de la possibilité d’une position européenne unie.
Catherine Ashton a déclaré pour sa part aux journalistes que sa visite dans les territoires palestiniens avait pour objet de discuter de la démarche palestinienne aux Nations unies et d’une reprise des négociations avec Israël.
Le président palestinien a aussi réaffirmé que cette démarche n’empêchait nullement de «revenir à la table de négociations (avec Israël), quel que soit le résultat à l’ONU, car il y a des questions qu’on ne peut régler sans négocier».
Quant à l’exigence israélienne que les Palestiniens reconnaissent Israël comme «l’Etat nation du peuple juif», M. Abbas a de nouveau opposé une fin de non-recevoir, estimant que ce n’est pas aux Palestiniens de «définir la nature de l’Etat d’Israël ni de dire si Israël est un Etat juif ou non».
En réaction, le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman a accusé les Palestiniens de «ne pas vouloir vivre aux côtés d’Israël, mais créer un Etat vide de juifs» en Cisjordanie, en allusion au refus des Palestiniens d’un maintien de colons israéliens dans leur futur Etat.
M. Lieberman avait menacé au cours de la précédente visite de Mme Ashton dans la région d’annuler tous les accords avec les Palestiniens s’ils demandaient l’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU.