Place financière
Londres entame un long marathon pour renégocier son statut au sein de l’Union européenne. La Grande-Bretagne veut obtenir des protections pour le centre financier britannique

Si l’immigration est le sujet le plus brûlant politiquement dans le cadre des renégociations entre la Grande-Bretagne et l’UE, la protection de la City est regardée de très près par les hauts fonctionnaires et le patronat. Le Royaume-Uni constate que les pays de la zone euro doivent s’intégrer d’avantage pour enrayer la crise de la monnaie unique. Cela nécessite de nouvelles régulations financières. Londres veut être sûr que cela ne se fera pas au détriment du centre financier britannique, qui pourrait se voir imposer des règles qui ne lui étaient pas destinées. «C’est un sujet d’une importance stratégique énorme pour l’avenir de l’Europe», affirme David Lidington, le ministre des affaires européennes.
Le gouvernement britannique souhaite que les pays qui ne sont pas dans la zone euro soient formellement protégés des décisions prises au sein de la monnaie unique. Dans son discours à Berlin, mardi 3 novembre, George Osborne, le chancelier de l’Echiquier, a expliqué pour la première fois la façon dont cela fonctionnerait. «Nous ne cherchons pas une clause d’exemption pour le Royaume-Uni […] ni un droit de veto sur ce que vous faites dans la zone euro.» A la place, il propose d’inscrire dans les traités un principe qui garantisse que «l’intégration au sein de la zone euro ne se fasse pas au détriment des intérêts des pays membres qui n’en font pas partie». En cas de litige, cela permettrait à la City de porter le sujet devant la Cour européenne de justice.
Bataille permanente
L’inquiétude britannique n’est pas purement théorique. L’alarme a sonné récemment avec le Fonds européen de stabilité financière. Ce fonds d’urgence a été mis en place en 2010, pour aider l’Irlande et le Portugal. Le Royaume-Uni avait accepté d’y participer, à condition d’avoir son mot à dire sur son utilisation. Mais en juillet, les pays de la zone euro ont voulu s’en servir pour aider la Grèce «sans même avoir la politesse de nous passer un coup de téléphone», s’insurge George Osborne. Finalement, le Royaume-Uni a réussi au dernier moment à bloquer cette décision. «Mais nous ne devrions pas avoir à mener une bataille permanente pour cela.»
Sans vraiment le dire, George Osborne brandit donc la menace. «Plutôt que de me mettre en travers de votre chemin, et de poser mon veto aux amendements de traité nécessaires, je peux vous soutenir au sein de la zone euro pour faire les changements nécessaires pour renforcer la monnaie unique.»