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Colère britannique contre Guantanamo

Un ministre et une commission des Communes appellent à la fermeture du camp.

La colère gronde en Grande-Bretagne contre Guantanamo Bay. Une série d'importantes personnalités britanniques se sont exprimées ces derniers jours contre le camp de détention que les Etats-Unis maintiennent à Cuba depuis plus de quatre ans.

Peter Hain, membre du cabinet de Tony Blair - et par ailleurs ministre de l'Irlande du Nord - a été le premier à dégainer. Lors d'une émission de la BBC, il a lâché: «Je préférerais que Guantanamo n'existe pas et qu'il soit fermé.» Cette petite phrase a fait grand bruit, parce qu'elle dépasse la position officielle du gouvernement britannique. Jusqu'à présent, Tony Blair s'était contenté d'estimer que le camp de prisonniers était une «anomalie».

La deuxième salve est arrivée de la très influente Commission des affaires étrangères de la Chambre des Communes. Dans son rapport annuel sur les Droits de l'homme, celle-ci estime que le centre de détention est non seulement illégal, mais contre-productif. «L'utilisation de Guantanamo Bay hors de tout régime légal diminue l'autorité morale des Etats-Unis et entrave la poursuite effective de la guerre contre le terrorisme. Nous recommandons que le gouvernement fasse connaître son objection de façon publique et bruyante.»

Ajoutant encore du poids à ces deux déclarations publiques, le très médiatique John Sentamu, archevêque de York et numéro deux de l'Eglise d'Angleterre, a exprimé sa colère face à l'existence du camp. «Le gouvernement américain enfreint les lois internatio-nales. Quoi qu'ils disent sur la démocratie, détenir quelqu'un pendant quatre ans sans inculpation indique clairement que la société se dirige vers celle de La Ferme des animaux de George Orwell (ndlr: fable animalière dénonçant les abus du totalitarisme).»

Ces appels de plus en plus clairs à fermer Guantanamo embarrassent Downing Street, d'autant plus que neuf prisonniers présents dans le camp se réclament désormais du Royaume-Uni. Si tous les citoyens britanniques qui étaient détenus ont été libérés, plusieurs anciens résidents britanniques, mais qui n'ont pas la nationalité, demandent désormais au Foreign Office d'intervenir pour demander leur libération. Certains vivaient en Grande-Bretagne depuis vingt ans, et des membres de leur famille sont Britanniques. Il faut également ajouter le cas de David Hicks, un Australien qui demande la nationalité britannique. En décembre, il a gagné son procès pour être naturalisé, mais le Foreign Office a fait appel. Enfin, la sortie le 9 mars d'un film, The Road to Guantanamo, dénonçant le sort de trois des anciens détenus britanniques, devrait encore mettre du sel sur la plaie.