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Commentaire. Il n'y a pas que le Hezbollah…

Commentaire.

Entre le camp du 8 mars et celui du 14 mars, la différence ne semble être que sémantique. Elle reflète pourtant une vision fondamentalement différente du Liban. Celle d'un général Michel Aoun, ex-exilé, prêt à intégrer le Hezbollah dans la marche de l'Etat et celle d'un Amine Gemayel, ex-président, dont le parti des Phalanges se présente comme le rempart occidentalisé au «parti de Dieu».

L'élection partielle de dimanche provoquée par l'assassinat de deux députés, dont le fils d'Amine, a donné lieu à des affrontements verbaux qui ne font qu'ajouter des étincelles dans la poudrière libanaise. Michel Aoun, «le traître» et Amine Gemayel, «l'inféodé aux Occidentaux» montrent à eux deux à quel point le Liban est malade de ses clans, de la tradition, de son passé. Par leur combat fratricide, ils mettent à mal jusqu'à l'identité chrétienne, l'un des piliers du Pays du Cèdre. C'est d'autant plus douloureux que les chrétiens libanais souffrent d'un déficit démographique inquiétant par rapport à une population chiite en pleine croissance.

Le scrutin, en apparence secondaire, était un rendez-vous électoral signifiant. Mais au lieu de clarifier la situation, il n'a fait qu'amplifier la crise qui sape depuis plus de huit mois l'assise du faible Etat libanais. Il a surtout rendu moins probable la tenue d'une élection présidentielle dans moins de deux mois. Dans le camp maronite à qui revient, selon la Constitution, la présidence de la République, on est incapable de s'entendre sur un candidat (Aoun, Gemayel, Geagea, Harb). En Occident, on a souvent cru que le problème libanais se résumait au seul Hezbollah. On constate désormais que les chrétiens font partie intégrante du problème.

L'ex-ministre des Finances, Georges Corm, pense qu'une telle élection n'aurait aucun sens tant qu'il n'y a pas de nouveau gouvernement au sein duquel toutes les principales communautés sont représentées (les chiites ont claqué la porte l'an dernier). Au Liban, où toute tension est susceptible de dégénérer, l'absence de présidentielle cet automne risque de cimenter le blocage complet des institutions. Avec l'effet collatéral de continuer à attirer les mouvements djihadistes qui s'implantent peu à peu au nord et au sud du pays.