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La Conférence nationale perturbée par la situation à Najaf

La réunion s'est ouverte dimanche à Bagdad alors que des combats ont à nouveau éclaté dans la ville sainte. Trois obus de mortier sont tombés à proximité de l'édifice où se sont réunis les délégués.

La Conférence nationale devant en principe conduire à des élections générales avant janvier 2005 s'est ouverte dimanche à Bagdad dans une atmosphère très tendue, alors que des combats ont à nouveau éclaté en fin de matinée à Najaf. Ils ont lieu au lendemain de l'échec de négociations entre le gouvernement intérimaire et la milice du chef radical chiite Moqtada al-Sadr.

La Conférence nationale, qui regroupe quelque 1300 délégués venus de toutes les provinces irakiennes et doit en principe durer trois jours, a été perturbée dès sa réunion d'ouverture. Une centaine de délégués, en effet, après la fin de l'intervention du représentant du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, Ashraf Jehangir Qazi, ont quitté la réunion en criant: «Aussi longtemps qu'il y aura des frappes et des bombardements (à Najaf), il n'y aura pas de conférence!» Yahya Moussaoui, un représentant de la «Maison chiite» qui regroupe des personnalités politiques et religieuses chiites, est monté à la tribune avant de quitter la salle en s'écriant: «L'essence de la démocratie est que vous écoutiez le peuple irakien. Il est temps que vous nous écoutiez. Nous demandons l'arrêt immédiat des opérations militaires à Najaf et l'ouverture d'un dialogue.»

Tirs de canons de char

Un dialogue que Moqtada al-Sadr a également réclamé dimanche en appelant, selon son porte-parole, Ahmad al-Chaibani, à la reprise des négociations alors que des tirs de canons de char retentissaient dans Najaf du côté du cimetière, au nord du mausolée de l'imam Ali, où sont retranchés des miliciens chiites qui lui sont fidèles. Des accrochages ponctuels, impliquant mortiers, canons et fusils d'assaut, se déroulaient toujours en début d'après-midi dans la vieille ville, bouclée par les forces américaines qui autorisaient les gens à sortir de cette zone, mais leur interdisaient d'y entrer.

Une très vive tension régnait dans la ville sainte, a constaté un journaliste de l'AFP, et les rues du centre-ville entourant le mausolée de l'imam Ali étaient totalement désertes. Les chars tiraient sur les rares véhicules s'approchant du centre de la vieille ville, dont ceux d'un groupe de journalistes qui tentaient de parvenir au mausolée d'Ali. Des tirs d'armes automatiques étaient perceptibles sans que l'on sache d'où ils provenaient et qui ils visaient.

A Bagdad, les mesures de sécurité draconiennes prises pour la Conférence nationale n'ont pas empêché au moins trois obus de mortier de tomber à proximité de l'édifice où se tient la réunion, dans la zone fortifiée qui abrite également l'ambassade américaine et le siège du gouvernement irakien.

Deux personnes ont par ailleurs été tuées et 17 blessées par des tirs d'obus sur le quartier Allaoui, dans le centre de la capitale. Ce quartier se trouve à proximité de la rue Haïfa, fief des partisans du président déchu Saddam Hussein, où des combats opposaient les GI et la Garde nationale irakienne (auxiliaire de l'armée) à des rebelles, a constaté l'AFP. Les violences se sont également poursuivies ailleurs en Irak. Un soldat américain a été tué par un engin explosif dans le nord de Bagdad ce qui porte à 695 le nombre de soldats américains tués au combat en Irak depuis l'invasion du pays par l'armée américaine en mars 2003, selon le Pentagone.

Un soldat néerlandais de la Force multinationale (FMN) a également été tué et cinq autres blessés samedi soir dans une attaque contre leur patrouille alors qu'un officier ukrainien a pour sa part été tué dimanche par l'explosion d'une mine et que quatre soldats ukrainiens ont été blessés lors de deux attaques contre un convoi dans la province de Wassit au sud de la capitale, selon l'armée polonaise chargée de ce secteur.

A Rome, enfin, un communiqué du commandement sud de l'OTAN a annoncé dimanche qu'une cinquantaine d'officiers et sous-officiers de différents pays membres de l'organisation composant la mission chargée d'entraîner la nouvelle armée irakienne étaient arrivés en Irak. Une première équipe, composée de quatre officiers, était en Irak depuis le 9 août pour préparer le terrain.