Constructions à Jérusalem-Est: nouvelles condamnations
proche-orient
Après le feu vert israélien à la construction de 1300 logements pour des juifs dans le secteur à majorité arabe de la capitale, le président Obama se dit «préoccupé» et l’UE demande à Israël de revenir sur sa décision
Le président américain Barack Obama a estimé mardi à Djakarta que la décision des autorités israéliennes de construire de nouveaux logements juifs dans le secteur à majorité arabe de Jérusalem ne contribuait pas à la recherche de la paix. «Ce genre d’activité n’aide jamais quand il s’agit de négociations de paix», a déclaré M. Obama, interrogé au cours d’une conférence de presse à Djakarta sur le projet de construction. «Je suis préoccupé par le fait que nous ne voyons pas les parties faire l’effort supplémentaire en vue d’une avancée qui puisse créer les conditions pour qu’Israël vive côte à côte en paix avec une Palestine souveraine», a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis, où se trouve actuellement le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, s’étaient déjà dits «profondément déçus» par la décision israélienne d’approuver la construction de 1300 logements juifs dans le secteur à majorité arabe de la capitale. Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, a annoncé être «préoccupé». A son tour la chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, a demandé mardi aux autorités israéliennes de revenir sur leur décision de construire de nouveaux logements juifs dans le secteur à majorité arabe de Jérusalem.
Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a accusé Benjamin Netanyahou d’être «déterminé à détruire les négociations» de paix, alors que le différend entre les deux parties sur la poursuite de la colonisation empêche la reprise des pourparlers relancés le 2 septembre sous l’égide de Washington. «Nous espérions que Netanyahou allait aux Etats-Unis pour arrêter la colonisation et reprendre les négociations, mais il est clair pour nous qu’il est déterminé à détruire les négociations. Il a fermé toutes les portes des négociations et nous le tenons pour responsable de leur destruction», a affirmé Saëb Erakat.
L’ONG israélienne anti-colonisation La Paix Maintenant a indiqué que la commission de planification du ministère de l’Intérieur avait approuvé la construction de 1300 logements. Selon une porte-parole de l’ONG, Hagit Ofran, «trois nouveaux plans ont été publiés pour enquête publique». La grande majorité des nouveaux logements (un millier) est située dans le quartier de colonisation juive de Har Homa, où résident plus de 7000 habitants, près de la ville palestinienne de Bethléem, a précisé la porte-parole. «C’est une grosse provocation à un moment très sensible dans le processus de négociation», a déploré Hagit Ofran. «Il semble que ce soit une tentative délibérée de Netanyahou de torpiller les négociations de paix».
Rencontre prévue jeudi avec Hillary Clinton
A La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, Benjamin Netanyahou a assuré qu’Israël «ne se fera pas dicter» sa position. Durant sa visite aux Etats-Unis, il doit aussi rencontrer le vice-président Joe Biden et, jeudi à New York, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, avec laquelle le sujet de Jérusalem-Est sera abordé.
Le 15 octobre, le ministère israélien de l’Habitat avait lancé des appels d’offres – un stade nettement plus avancé dans la procédure – pour la construction de 238 logements dans deux autres quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, Ramot et Pisgat Zeev. Quelque 320 nouveaux logements doivent être bâtis à Ramot, selon La Paix Maintenant. Il s’agissait des premiers appels d’offres depuis la fin, le 26 septembre, du moratoire de dix mois portant sur les nouvelles constructions dans les colonies de Cisjordanie, qui a marqué l’interruption des pourparlers de paix. Ce gel partiel n’avait cependant jamais concerné Jérusalem-Est.
L’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas réclame pour reprendre les négociations un nouveau moratoire sur la colonisation, auquel se refuse jusqu’à présent le gouvernement israélien.
Israël, qui a proclamé l’ensemble de Jérusalem sa capitale «éternelle et indivisible», estime que les quartiers de colonisation font partie intégrante de son territoire, alors que les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat. La communauté internationale considère que la question de Jérusalem doit être traitée dans le cadre d’un règlement de paix final entre Israéliens et Palestiniens. Elle a appelé les deux parties à s’abstenir de toute action «unilatérale».