mines antipersonnel
L’Observatoire des mines a présenté jeudi à l’ONU à Genève son rapport annuel qui marque le dixième anniversaire de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel. Des avancées importantes ont été faites en une décennie, même si des millions de mines demeurent enfouies dans le sol au quatre coins de la planète
Entre 1999 et 2008, les mines antipersonnel ont tué au moins 74 000 personnes, dont 71% de civils et 32% d’enfants. Un bilan tragique qui cache toutes les victimes non recensées, mais qui aurait pu être beaucoup plus lourd encore si la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel n’existait pas.
Jeudi, au Palais des Nations à Genève, l’Observatoire des mines a présenté son rapport annuel dix ans après l’entrée en vigueur de la Convention d’Ottawa. Le rédacteur en chef de l’Observatoire, Steeve Goose rappelle que dans les années 1960, 1970 et 1980, des millions de mines ont été posées dans le monde. «Mais ce phénomène s’est interrompu. Entre 1999 et 2003, 21 Etats utilisaient encore des mines antipersonnel. Depuis 2004, ils ne sont plus que quatre, la Géorgie, la Russie, le Népal et la Birmanie. L’an dernier, seuls la Russie et la Birmanie en ont fait usage.»
Steeve Goose admet que si 80% des Etats de la planète ont ratifié la Convention d’Ottawa, soit 156 pays, la question des acteurs non étatiques demeure lancinante. Ces derniers ont fait usage de cette arme destructrice dans 28 pays. C’est le cas des FARC, la guérilla marxiste colombienne, qui ont été de loin les plus grands utilisateurs de mines.
Autre avancée permise par le traité: 86 Etats ont détruit près de 44 millions de mines et se sont débarrassés de tous leurs stocks. Trois Etats parties à la Convention d’Ottawa sont toutefois en violation du traité pour n’avoir pas respecté le délai de destruction des stocks: la Biélorussie, la Grèce et la Turquie. En termes de production aussi, des progrès ont été accomplis. Si on comptait près de 50 Etats producteurs voici une décennie, on n’en compte en 2008 que trois: l’Inde, le Pakistan et la Birmanie.
Pour combattre le fléau, les actions de déminage ont produit des effets positifs. En dix ans, des terrains représentant deux fois la superficie de Londres (3200 kilomètres carrés) ont été nettoyés de plus de 2,2 millions de mines antipersonnel, de 250 000 mines antivéhicules et de 17 millions de restes de guerre explosifs. La Convention impose aux Etats parties de déminer dans un délai de dix ans. Quinze Etats n’ont pas réussi à se conformer à cet objectif et ont demandé une extension des délais. Deux Etats sont toutefois cloués au pilori: le Royaume-Uni et le Venezuela qui n’ont tous deux pas même commencé les travaux de déminage.
Reste un domaine où les résultats laissent à désirer: l’aide aux victimes qui ont survécu à l’explosion d’une mine. Contrairement au Traité d’Oslo sur les bombes à sous-munitions, la Convention d’Ottawa ne prévoit rien pour les survivants. «Il y a des centaines de milliers de victimes dans le monde», souligne Stan Brabant, responsable de l’Unité politique de Handicap International. Mais peu d’entre elles bénéficient d’une aide psychosociale ou de réhabilitation dans le circuit économique.
A ce jour, les grandes puissances n’ont toujours pas adhéré à la Convention d’Ottawa. C’est le cas de la Chine, de l’Inde, du Pakistan, de la Russie et des Etats-Unis. En ce qui concerne ces derniers, les choses pourraient toutefois changer. L’administration de Barack Obama a décidé de participer – une première – à la Conférence de révision de la Convention d’Ottawa qui se tient du 29 novembre au 4 décembre 2009 à Carthagène en Colombie.