La déléguée de l'Oklahoma poursuit, avec un sourire lourd de sous-entendus: «D'ailleurs, George Bush a fait lui aussi ce qu'il devait faire, vous ne trouvez pas?» Même dans les rangs les plus proches du président, on reconnaît que sa manière de gérer l'ouragan Katrina, il y a trois ans, avait pour le moins laissé à désirer. George Bush avait mis quatre longues journées à sembler se préoccuper de La Nouvelle-Orléans noyée sous les flots. Aujourd'hui, Gustav prive le président sortant de sa dernière tribune (il devait donner un discours ici lundi soir). Mais ce remake de la météo lui offre aussi une sorte de possibilité finale de rédemption.
«Bonne surprise»?
Comme beaucoup d'autres, le professeur David Schultz ne peut s'empêcher de mettre en avant l'ambiguïté de cette irruption des éléments dans les débats républicains. Certes, l'omniprésence de Gustav dans les médias américains leur a ravi le premier rôle qu'ils attendaient pendant une semaine. «Mais pour John McCain, cet ouragan est aussi une bonne surprise, explique David Schultz, qui enseigne à la Hamline School of Business du Minnesota. Cela lui permet d'écarter un George Bush qui pouvait se révéler très encombrant pour lui.»
Depuis mai dernier, où il est apparu avec le président une poignée de secondes, John McCain évite soigneusement tout contact avec un président devenu extrêmement impopulaire aux Etats-Unis. Avant même que les éléments se démontent dans le golfe du Mexique, le candidat avait prévu de laisser Bush et son vice-président Dick Cheney parler seuls lundi soir devant les députés, lui-même ne devant arriver que plus tard dans la semaine. Aujourd'hui, Gustav déblaie le terrain pour lui. Même Cindy, la femme de John McCain, s'est fait excuser lors d'un déjeuner que tenait la Laura Bush en marge de la convention. Avant de se reprendre et d'accepter d'apparaître à côté de la first lady.
Mais McCain est confronté à un dilemme. George Bush garde toujours le soutien de la base la plus militante du parti. Et, jusqu'au bout, le futur nominé reste maintenant dépendant des actions d'une administration Bush dont il a essayé de se démarquer, au mieux. «C'est maintenant un gros problème pour McCain, poursuit David Schultz: si l'administration ne gère pas convenablement les conséquences de Gustav, c'est l'épisode Katrina qui fera son retour à cette convention. Tous les médias reprendront cette histoire, et la situation se compliquera durablement pour McCain», explique-t-il.
Dans l'immédiat, le parti de l'éléphant donne le curieux sentiment de manquer de tête alors qu'il s'agit précisément pour lui de montrer qu'il défend une ligne claire. C'est vrai, la colistière de McCain, la gouverneure de l'Alaska Sarah Palin serait déjà arrivée dans le Minnesota. Mais elle reste invisible avant son discours prévu pour mercredi soir. Et pour cause: il s'agit pour l'instant de se faire connaître au sein même du Parti républicain, un parti qui se montre certes traditionnellement plus uni que son adversaire démocrate, mais pour qui le choix de cette candidate à la vice-présidente reste toujours un peu mystérieux.
Fille de Sarah Palin enceinte
«C'est un choix formidable», disent à l'unisson les délégués dans les allées de la convention. Mais c'est un choix qui, comme l'admettent les républicains eux-mêmes, semble avoir été décidé à la dernière minute, destiné avant tout à prendre les démocrates à revers. Hier, dans le Xcel Energy Center, des rumeurs se sont mises à circuler sur le fait que l'une des filles de Sarah Palin âgée de 17 ans était enceinte alors qu'elle est célibataire. Une information confirmée ensuite par la candidate, qui s'est dite «fière» que sa fille ait choisi de garder l'enfant et de se marier prochainement. Mais cette «fierté» n'est sans doute pas entièrement partagée par la base traditionaliste du parti qu'il s'agissait précisément de rassurer grâce au profil clairement conservateur de Sarah Palin. öPage25