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La Corée du Nord s'engage à dénucléariser avant la fin de l'année

A Genève, le négociateur américain Christopher Hill a annoncé que Pyongyang acceptait de faire une déclaration complète de tous ses programmes.

Au terme d'un week-end de négociations à Genève, la Corée du Nord s'est engagée à faire une «déclaration complète de tous ses programmes nucléaires et de les démanteler d'ici à la fin de l'année», selon Christopher Hill, le secrétaire d'Etat adjoint américain pour les affaires de l'Asie de l'Est et du Pacifique. Il s'agit d'un nouveau pas significatif vers une détente de la péninsule nord-coréenne car, pour la première fois, Pyongyang s'engage sur un calendrier précis - et rapide - et prendrait en compte tous ses programmes nucléaires.

Le conditionnel reste toutefois de mise, car la partie nord-coréenne n'a de son côté fait aucune déclaration au terme de cette rencontre bilatérale préparatoire qui s'inscrit dans le cadre des négociations à six pays (les deux Corées, les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie) dont la prochaine session aura lieu à Pékin à la fin du mois.

Une crise pour rien?

En février dernier, la Corée du Nord s'était engagée à geler, puis à démanteler son programme nucléaire en échange d'une aide économique et énergétique importante, ainsi que d'une normalisation de ses relations avec Washington. La centrale de Yongbyon - le site où a été développé le programme nucléaire à base de plutonium qui a permis de procéder au test d'une première bombe en octobre dernier - a été fermée il y a un mois et demi sous l'œil des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de retour après avoir été expulsés du pays en décembre 2002.

Demeure toutefois un doute sur l'existence d'un second programme nucléaire à base d'uranium enrichi qui fut à l'origine de la crise entre Washington et Pyongyang à l'automne 2002. Il n'a pas été mentionné dans l'accord de février. Hier, Christoper Hill a semblé contourner le problème. A la question de savoir si la déclaration complète que Pyongyang s'est engagé selon lui à faire devait comprendre cette activité d'enrichissement d'uranium, l'émissaire américain a répondu: «Complète, ça veut dire complète.» Certains experts et diplomates, y compris américains, pensent aujourd'hui que Washington a déclenché une crise pour rien en accusant un peu vite les Nord-Coréens de poursuivre en secret un programme d'uranium enrichi qui, s'il a existé, aurait été rapidement stoppé. Il se pourrait que ce soit la raison pour laquelle l'administration Bush n'utilise plus le terme d'uranium depuis le début de l'année. «Complet» signifierait alors simplement le programme de plutonium de Yongbyong.

Traité d'amitié

Christopher Hill a par ailleurs précisé que son but ultime n'était pas la déclaration et le démantèlement d'installations, mais la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne et de meilleures relations, selon l'AFP. Pyongyang cherche depuis longtemps à signer avec les Etats-Unis un traité d'amitié en lieu et place de l'actuel armistice afin d'établir des relations diplomatiques et, surtout, d'être rayé de la liste des Etats soutenant le terrorisme, ce qui lui permettrait de recevoir une aide humanitaire américaine alors que la Corée du Nord connaît ses pires inondations depuis des décennies. Il paraît moins évident que Kim Jong-il soit prêt à renoncer à sa bombe. Ce serait une première pour un Etat étant parvenu à développer une telle arme - même si des interrogations demeurent sur la puissance de l'essai nord-coréen.

Après le succès de la rencontre de Genève, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice pourrait bientôt se rendre à Pyongyang.