Un patient infecté par le coronavirus hospitalisé en France depuis la fin janvier est décédé, a annoncé samedi la ministre française de la santé Agnès Buzyn. Ce décès est le «premier hors d'Asie, le premier en Europe», a-t-elle ajouté.

Il s'agit d'un touriste chinois âgé de 80 ans originaire de la province d'Hubei. Seuls trois morts avaient jusqu'ici été recensés hors de Chine continentale: aux Philippines, à Hong Kong et au Japon. En Chine, le COVID-19 est responsable de plus de 1500 décès.

«J'ai été informée hier soir» de ce décès, a précisé Agnès Buzyn. L'état de ce patient, hospitalisé à l'hôpital Bichat à Paris, «s'était rapidement dégradé et il était depuis plusieurs jours dans un état critique».

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Sa fille de 50 ans, également touchée par la maladie et hospitalisée dans le même établissement, n'inspire en revanche aucune inquiétude et «devrait pouvoir sortir prochainement», a précisé la ministre.

Taux de mortalité inférieur à 2%

Ce premier décès en Europe «n'est pas une surprise», pour Andrew Freedman, enseignant en infectiologie à l'université de Cardiff. Si le taux de mortalité global de ce virus est «faible, probablement en dessous de 2%», les personnes âgées ou déjà atteintes d'une autre maladie sont plus à risque.

«Toute infection respiratoire grave chez une personne vulnérable est préoccuante, qu'il s'agisse de la grippe, d'une pneumonie bactérienne ou, comme ici, d'un coronavirus», observe aussi Michael Head, chercheur à l'université de Southampton.

«Le plus important à souligner, c'est qu'il n'y a toujours pas eu de transmission interhumaine continue en Europe», ce qui signifie que le risque pour les populations «reste faible», selon Robin Thompson, spécialiste de la modélisation mathématique des épidémies à l'université d'Oxford, dans un commentaire recueilli par le Science Media Centre britannique.


Coronavirus/GB: huit des neuf malades sortis de l'hôpital

Huit des neuf personnes hospitalisées au Royaume-Uni pour avoir contracté le nouveau coronavirus sont sorties de l'hôpital, a annoncé samedi le service public de santé britannique, le NHS.

Ces patients ont pu quitter l'endroit où elles étaient soignées après deux tests négatifs, a indiqué le NHS, précisant que les 94 personnes qui se trouvaient en quarantaine dans un hôpital de Liverpool (ouest de l'Angleterre) avaient aussi pu rentrer chez elles.

«Au cours des prochaines semaines, nombre d'entre nous devront peut-être passer du temps confiné chez nous pour réduire la propagation du virus», a prévenu le professeur Keith Willett, de la NHS, saluant «l'excellent exemple» qu'avaient donné ces patients «calmes et responsables» face à «une situation éprouvante».

Une centaine de personnes en observation

En revanche, plus d'une centaine de personnes sont toujours en observation à Milton Keynes, au nord de Londres, a précisé le service public de santé.

«Je suis content de voir que huit des neuf personnes testées positivement au nouveau coronavirus ont été soignées avec succès et sont sorties de l'hôpital», a commenté le ministre de la Santé Matt Hancock, insistant sur le fait qu'elles ne présentent désormais «aucun risque pour la santé publique».

Cette annonce intervient alors la France vient de recenser le premier décès lié au nouveau coronavirus hors d'Asie, un touriste chinois de 80 ans hospitalisé en France depuis fin janvier et décédé vendredi soir.

L'épidémie de pneumonie virale détectée en Chine en décembre dans la province de Hubei (centre) a contaminé plus de 66.000 personnes et fait plus de 1.500 morts dans le pays.


Nouveaux cas au Japon

Au Japon, de nouvelles analyses effectuées sur les passagers d'un navire de croisière placé en quarantaine au large de l'archipel ont révélé 67 nouveaux cas de coronavirus, a annoncé samedi le ministre japonais de la Santé.

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Ce chiffre, issu de 217 tests supplémentaires, porte à 285 le nombre de passagers et membres d'équipage du Diamond Princess sur lesquels la présence du virus a été constatée, sans compter un officier de quarantaine lui aussi infecté.


Evacuation des Américains

Les Etats-Unis prévoient d'évacuer des Américains se trouvant à bord du paquebot Diamond Princess, maintenu depuis début février en quarantaine au Japon en raison de la présence de cas de coronavirus à bord, a annoncé samedi l'ambassade des Etats-Unis.

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Washington a indiqué dans une lettre adressée aux ressortissants américains présents sur le navire son intention d'envoyer un avion dimanche, ajoutant que ces personnes devront respecter une quarantaine supplémentaire de 14 jours à leur arrivée aux Etats-Unis.


Xi Jinping exhorte au maintien de l'ordre

Davantage de contrôle d'internet et de «stabilité sociale»: le président chinois Xi Jinping a plaidé pour un renforcement du maintien de l'ordre en pleine lutte contre le coronavirus, a rapporté samedi un média d'Etat.

Ses remarques surviennent au moment où le mécontentement d'une partie de l'opinion publique semble toujours vif face à la gestion d'une épidémie qui a déjà contaminé 66.000 personnes en Chine et en a tué plus de 1500.

Sur les réseaux sociaux, les censeurs ont certes laissé se diffuser les critiques visant les principaux responsables politiques locaux du Hubei, qui ont depuis été limogés.

Mais ils se sont empressés d'effacer les messages de colère et les appels à la liberté d'expression postés la semaine dernière après la mort d'un médecin, lui-même contaminé, qui avait tenté d'alerter le public au début de l'épidémie.

Nouvelles mesures

Alors que le Hubei reste coupé du monde depuis trois semaines et que plusieurs villes de l'Est du pays ont adopté des mesures de confinement drastiques, Pékin avait à son tour musclé vendredi ses restrictions pour endiguer la propagation du virus.

La capitale oblige désormais toutes les personnes arrivant de l'extérieur à s'auto-imposer une quarantaine de 14 jours à leur domicile ou leur hôtel, sous peine de sanctions, a rapporté le Beijing Daily, un quotidien officiel.

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L'activité dans la ville reste largement paralysée et que de nombreuses entreprises imposent le télétravail à leurs employés.

A l'issue des vacances du Nouvel an lunaire, prolongées de quelques jours, beaucoup de Chinois retournés dans leur région d'origine pour les fêtes font désormais route pour rejoindre les villes où ils résident.


Fin de la quarantaine pour les Français rapatriés

Vendredi, les 181 premiers Français rapatriés de la ville chinoise de Wuhan avaient quitté le centre de vacances où ils étaient confinés depuis 14 jours, avec la certitude de ne pas être contaminés par le nouveau coronavirus, selon l'AFP.

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La France a recensé à ce jour 11 cas confirmés en lien avec l'épidémie de Covid19.

Quatre d'entre eux sont «guéris» et «sont sortis» de l'hôpital: mercredi, un couple de trentenaires chinois également pris en charge à l'hôpital Bichat, jeudi, un Bordelais de 48 ans originaire de Chine, et vendredi, un médecin qui était hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière à Paris.

Ces personnes «ont cessé d'être positives pour le virus, elles ont eu deux tests négatifs» et sont «de retour chez elles», a précisé Agnès Buzyn, expliquant qu'il n'y avait plus lieu de leur faire subir une surveillance particulière.

Six patients restent pour leur part hospitalisés, et leur état de santé «n'inspire pas d'inquiétude».

Outre la fille du patient décédé, il s'agit de cinq Britanniques - quatre adultes et un enfant de 9 ans - contaminés par un compatriote lors d'un séjour en Haute-Savoie. Ils sont hospitalisés dans la région lyonnaise.

La Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) a pour l'heure recensé 1523 morts dus au coronavirus, selon des chiffres diffusés samedi.

A 14h30 vendredi, les 181 personnes avaient toutes quitté le centre, a constaté un journaliste de l'AFP. 44 restaient encore confinées au même endroit, et 113 autres à Aix-en-Provence, dans les locaux de l'Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp).

Une partie est arrivée à bord d'un deuxième vol, le 2 février, et leur quarantaine doit se terminer dimanche. Les 35 personnes arrivées, elles, le 9 février, via Londres, devront patienter jusqu'au 23 février.


Comment se déroule le dépistage en Chine?

 Jusqu'ici, seul un test en laboratoire permettait aux autorités de confirmer qu'un malade était atteint de pneumonie Covid-19. Mais la province du Hubei, à l'épicentre de l'épidémie, a annoncé jeudi qu'elle comptabilisera désormais aussi les personnes ayant fait l'objet d'un diagnostic moins poussé.

En Chine, c'est la technique dite «d'amplification des acides nucléiques». Elle permet de détecter le coronavirus dans le sang du patient ou dans des échantillons prélevés dans ses voies respiratoires - nez ou gorge. Une vidéo publiée par un hôpital de Wuhan (centre), la ville sous quarantaine où le virus est apparu, détaille le procédé... visiblement un peu douloureux.

On y voit un membre du personnel médical enfoncer sur plusieurs centimètres une tige dans la cavité nasale d'une collègue, puis effectuer des mouvements circulaires afin d'y récolter un échantillon. Ce dernier est ensuite envoyé dans un laboratoire pour être analysé. Chaque jour, de 6000 à 8000 personnes sont ainsi testées à Wuhan, selon Zhang Hongxing, le directeur de la Commission municipale de la santé.

Les «cas suspects»

En clair, les patients ayant des symptômes typiques de la pneumonie Covid-19, comme la fièvre, ou un faible nombre de globules blancs. Autres malades particulièrement surveillés: ceux s'étant rendus dans le Hubei ou dans les régions avoisinantes, particulièrement touchées par le coronavirus. Les personnes «suspectes» sont également celles ayant eu des contacts avec des voyageurs revenant de ces régions, ou bien avec des patients déjà confirmés.

Désormais, les autorités sanitaires de la province utilisent également des radios des poumons pour réaliser un «diagnostic clinique» des patients. Si l'imagerie médicale montre une infection pulmonaire, les malades suspects deviennent automatiquement «confirmés», même sans avoir passé de test d'amplification des acides nucléiques. Quelque 17.000 personnes ont déjà été déclarées contaminées par le coronavirus via un tel diagnostic clinique.

«C'est une approche très intéressante et logique», selon Jessica Justman, professeur en épidémiologie à l'université Columbia à New York.

Seul bémol selon elle: l'utilisation de radios n'est utile que pour détecter "les personnes avec les symptômes les plus graves", ceux dont les infections sont visibles à l'imagerie médicale.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle par ailleurs à faire preuve de discernement: «Nous attendons des éclaircissements sur la manière dont les diagnostics cliniques sont faits», a indiqué vendredi son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Comme les symptômes peuvent se ressembler, il faut «s'assurer que d'autres maladies respiratoires comme la grippe ne se retrouvent pas comptabilisées dans les données du Covid-19», a-t-il averti.