La crise actuelle, indiscutablement la plus sérieuse, a démarré début juillet: le premier ministre Jaroslaw Kaczynski, homme fort du couple gémellaire, avait limogé son vice-premier ministre et ministre de l'Agriculture, Andrzej Lepper, patron d'Autodéfense. Motif: une accusation de corruption, appuyée sur une action du tout nouveau Bureau anticorruption (CBA). Très vite, il est apparu que le CBA avait essayé de faire tomber Andrzej Lepper dans une tentative de corruption montée de toutes pièces. Mais Andrzej Lepper, sur lequel pèsent des condamnations antérieures pour voies de fait, mais qui s'applique à être un ministre irréprochable, n'est pas tombé dans le panneau.
Son chef démis, le parti Autodéfense avait hésité entre le retrait du gouvernement, décidant finalement son maintien, tout en exigeant une commission d'enquête sur le CBA, qui passe de plus en plus aux yeux du monde politique pour une police politique au service du PiS, et de son patron, Jaroslaw Kaczynski.
Depuis lundi, Andrzej Lepper déclare son parti dans l'opposition, tout en... maintenant ses ministres au gouvernement. La Ligue des familles - avec laquelle Autodéfense s'est lancé dans une improbable opération de fusion - a quant à elle opéré un pas supplémentaire hier, en demandant la démission de Jaroslaw Kaczynski, et son remplacement par un autre dirigeant moins controversé du PiS. Comme par exemple Kazimierz Marcinkiewicz, éphémère premier ministre au lendemain de la victoire du PiS à l'automne 2005, qui a laissé une image d'homme pragmatique et raisonnable.
Le meilleur commentaire est venu de Lech Walesa, qui fut un piètre président mais est capable des meilleurs bons mots politiques: «Même avec un tracteur, il est impossible d'arracher ces gens du pouvoir.»