C’est un acte à haute valeur symbolique. La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, ouvre une enquête contre les crimes de guerre au Mali. Alors que le pays s’enfonce dans les violences, l’annonce diffusée hier par la CPI sonne comme un avertissement.

«Divers groupes armés ont semé la terreur et infligé des souffrances à la population par tout un éventail d’actes d’une extrême violence à tous les stades du conflit. […] Certains de ces actes de brutalité et de destruction pourraient constituer des crimes de guerre», a déclaré hier la procureure dans un communiqué.

Le Mali, Etat partie à la cour, avait saisi l’instance internationale en juillet 2012 pour dénoncer des exécutions sommaires, des viols, le recrutement d’enfants soldats ou encore des attaques de lieux de culte, dès le début de l’offensive lancée dans le nord du pays en janvier 2012. La CPI – chargée de juger les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et ceux de génocide –, pourra enquêter sur les actes commis à partir de cette date, et tant que le conflit durera.

Rôle dissuasif

Le bureau de la procureure place ainsi dans son radar tous les groupes armés présents sur le terrain: combattants islamistes, milices locales, mais aussi l’armée régulière malienne, les soldats français et les forces africaines qui devraient bientôt se déployer sur le terrain. «Du point de vue symbolique, c’est fort. Cela permet d’accroître la pression sur les belligérants et d’aller de l’avant dans la lutte contre l’impunité», estime Florent Geel, responsable Afrique de la Fédération internationale pour les droits de l’homme (FIDH). Depuis que les troupes françaises sont entrées en jeu le 11 janvier, repoussant l’avancée des djihadistes vers le sud, les ONG redoutent les actes de représailles de l’armée malienne envers la population touareg. Elles appellent également à la protection des civils, particulièrement vulnérables alors que le pays est paralysé.