La «zone de guerre» au centre de Bangkok ne pouvait pas être plus symbolique. Les grandes avenues autour du parc Lumpini, telles que Sathorn, Silom, Rajdamri ou Withayu, sont l’épicentre diplomatique, financier et touristique de la capitale thaïlandaise. Presque toutes les ambassades sont concentrées là. L’ambassade de Suisse, au croisement des avenues Withayu et Ploenchit, face à l’ambassade britannique, est carrément sur une ligne «de front». Les deux missions ont fermé en fin de semaine dernière.

Le spectacle affligeant des barricades, des flammes et des tireurs d’élite de l’armée embusqués dans les immeubles avoisinants ne signifie pas, bien sûr, que cette immense métropole asiatique (plus de dix millions d’habitants) est à feu et à sang. Samedi soir, le marché de nuit du quartier chinois était ouvert. Les cinémas de tous les autres quartiers fonctionnaient. La circulation sur les autoroutes qui traversent la ville de part en part n’a pas été interrompue. «Cette tragédie est surréaliste», lâche un homme d’affaires suisse, obligé d’abandonner son condominium de luxe, en plein dans les zones de tirs. «Ici, il s’agit bien d’une guerre», confirmait dimanche Luzi Matzig, un pilier de la communauté suisse.

«Comment cela a-t-il pu dégénérer ainsi?» ajoute une diplomate européenne obligée de quitter son appartement, face au parc de Lumpini. «Partir, je ne pense plus qu’à cela», confie la directrice d’une école de langue thaïe pour étrangers, alors que son immeuble de 34 étages – celui de la Deutsche Bank – a été fermé manu militari par l’armée, puis entouré de barbelés.

Les stations balnéaires de Pattaya et Phuket sont, elles, devenues des refuges pour de nombreuses familles suisses. Tout comme les faubourgs éloignés de Bangkok.