Crash du Sinaï: Poutine croit à un attentat et suspend les vols russes vers l'Egypte
Terrorisme
Sur recommandation de ses services secrets, le chef d'Etat russe ordonne la suspension des vols civils vers l'Egypte. Il renforce ainsi le scénario d'une bombe placée à Charm-el-Cheikh dans l'avion qui s'est désintégré en vol samedi dernier

Le président russe Vladimir Poutine a ordonné vendredi la suspension des vols des compagnies aériennes russes vers l'Egypte, sur recommandation des services secrets, après le crash de l'Airbus de la compagnie Metrojet dans le Sinaï, qui a fait 224 morts samedi.
«Le chef d'Etat russe a accepté les recommandations» du chef des services secrets russes (FSB), Alexandre Bortnikov, et «ordonné au gouvernement d'élaborer les mécanismes permettant de mettre en place ces recommandations», a déclaré le porte-parole du Kremlin,Dmitri Peskov, cité par l'agence publique Ria-Novosti.
«Je trouve nécessaire de suspendre les vols civils russes vers l'Egypte, jusqu'à ce que nous puissions établir les vraies raisons de ce qui s'est passé» avec l'avion dont le crash a été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), avait déclaré peu auparavant M. Bortnikov, cité par la télévision russe, lors d'une réunion du Comité national antiterroriste.
La Russie accrédite ainsi à son tour la thèse de l'attentat causé par une bombe islamiste, quelques heures après des indications des services occidentaux allant dans le même sens.
Jusqu'à présent, Moscou avait accusé les Occidentaux de «spéculer» sur les causes de la tragédie, et recommandait d'attendre les conclusions de l'enquête.
Des renseignements interceptés par des agents américains et britanniques suggèrent en effet qu'une bombe a pu être installée à bord de l'avion russe qui s'est écrasé samedi dans le Sinaï égyptien, selon le journal britannique The Times et la BBC.
Cette information a été obtenue lors d'une opération conjointe des renseignements américains et britanniques. Ils ont utilisé des satellites «pour détecter des communications électroniques» entre des membres du groupe jihadiste État islamique (EI) en Syrie et en Egypte, explique le Times, qui ne cite pas de source.
«Le ton et le contenu des messages ont convaincu les analystes qu'une bombe a été placée à bord par un passager ou un membre du personnel au sol de l'aéroport», écrit le journal.
Une porte-parole du Premier ministre britannique David Cameron a refusé de commenter les informations du Times: «Nous n'allons pas entrer dans les détails sur les questions de renseignement», a-t-elle déclaré.
Le Telegraph indique lui aussi que des «renseignements essentiels» ont été découverts après examen par les services de renseignement britanniques et américains des «communications de fanatiques connus dans la région».
«Leur pêche aux informations révèle des +bavardages+ dans les jours avant le crash qui s'orientent vers une attaque imminente», indique le Telegraph, lui aussi sans donner de source.
L'EI, qui avait revendiqué le jour de la catastrophe en être responsable, a réaffirmé mercredi être à l'origine du drame.
Signe que la menace de terroristes plaçant une bombe dans un avion au départ de l'Egypte est prise au sérieux, la compagnie néerlandaise KLM a interdit les bagages en soute sur son vol Le Caire-Amsterdam de vendredi. «Sur la base d'informations nationales et internationales, et par précaution, KLM n'autorisera pas les bagages en soute», a indiqué la compagnie. L'avion a atterri à Amsterdam à 07H42 (06H42 GMT).
Pour l'Egypte, qui tente de sauver ce qui peut l'être de la saison touristique d'hiver, le défi est désormais très simple: prouver que ses aéroports sont sûrs. «Nous sommes complètement prêts à coopérer avec tous nos amis pour nous assurer que nos aéroports présentent la sécurité nécessaire pour les personnes que nous accueillons», a déclaré le président égyptien le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi hier à Londres, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre David Cameron.