Crise grecque: un week-end de discussions et toujours pas d’accord
Europe
Athènes doit passer une série de lois avant mercredi.L’Eurogroupe a durci les conditions pour aider la Grèce. Lundi matin, toujours aucun compromis n’a été adopté

La zone euro soumet la Grèce à rude épreuve
Europe Athènes doit passer une série de lois avant mercredi
L’Eurogroupe a durci les conditions pour aider la Grèce
Après plus de quinze heures de négociations, rythmées par des apartés des dirigeants allemand, français et grec et du président du Conseil européen, «le résultat reste incertain», a tweeté le porte-parole du gouvernement chypriote, Nikos Christodoulides.
Le parlement grec est appelé à légiférer d’urgence sur un premier volet de mesures d’austérité, au plus tard mercredi. C’est le gage imposé à Athènes pour montrer sa bonne volonté et capacité de mettre en œuvre le plan d’austérité qui vise à redresser son économie. A la lumière des résultats, la zone euro décidera de l’ouverture des négociations pour un troisième plan d’aide de 82 à 86 milliards d’euros, y compris un montant de 12 milliards pour couvrir les besoins urgents pour juillet et août.
Réuni samedi et dimanche, l’Eurogroupe (ministres des Finances de la zone euro) a soumis des recommandations dans ce sens aux dirigeants de la zone euro, eux aussi réunis hier après-midi à Bruxelles. Ces derniers devaient décider de la marche à suivre. Les conciliabules se poursuivaient encore à l’heure où nous mettions sous presse dimanche soir.
Parmi les premières mesures à transformer en actes législatifs: l’augmentation de la taxe à valeur ajoutée, la restructuration du système de retraites et la modification du Code de la procédure civile afin d’améliorer le fonctionnement de la justice. Autant dire que le gouvernement grec doit retrousser ses manches dès à présent pour réussir. Dans un premier commentaire, Zerohedge, site d’informations financières bien informé, a estimé que «la zone euro a donné à la Grèce la possibilité de presser elle-même sur le bouton de Grexit».
Selon des observateurs, ce n’est pas certain qu’Alexis Tsipras parvienne à réunir une majorité au parlement pour adopter les mesures d’austérité. L’avenir de son gouvernement sera alors en jeu.
Un élément au moins qui devrait soulager Athènes: dans leurs recommandations, les ministres des Finances affirment que la dette grecque, 177% du PIB, doit faire l’objet de discussions.
Alors qu’un accord politique entre l’Union européenne (UE) et la Grèce paraissait acquis vendredi, les négociations se sont avérées compliquées le lendemain, faisant même craindre un échec total. «Nous avons parcouru un long chemin et il y a encore des questions majeures à régler, a déclaré Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe dimanche après-midi. C’est aux chefs d’Etat de prendre les décisions finales.» Le sommet des Vingt-Huit qui devait suivre celui de la zone euro a été simplement annulé par crainte d’échec.
Deux camps, l’un satisfait de l’engagement d’Athènes pour redresser son économie et l’autre sceptique, se sont formés à l’arrivée des ministres des Finances samedi à Bruxelles. Pour le deuxième, le gouvernement d’Alexis Tsipras, après avoir rejeté les réformes proposées par les créanciers, n’est plus crédible pour la mise en œuvre. Cinq pays – l’Allemagne, la Finlande, la Lituanie, la Lettonie, la Slovaquie – se seraient déclarés en faveur d’un Grexit.
Pour ne rien arranger et au moment où les négociations battaient leur plein samedi soir, la presse allemande a fait état d’un plan du Ministère allemand des finances préconisant une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro pour cinq ans, le temps de refaire sa santé économique. Berlin a admis qu’un tel plan existait, mais il n’était pas à l’agenda aux réunions de ce week-end.
Dans ces conditions, le sommet de la zone euro s’annonçait d’emblée difficile et il a fallu une forte intervention du président français François Hollande pour rappeler que l’objectif des chefs d’Etat était de maintenir la Grèce au sein de la famille européenne. «L’enjeu, c’est de savoir si demain la Grèce sera dans la zone euro, l’enjeu, c’est l’Europe, a-t-il martelé. C’est de bien marquer la conception que nous avons de l’Europe, de nos intérêts. Pas de nos intérêts nationaux, mais de nos intérêts européens.»
En plein milieu des négociations, le président du Conseil européen Donald Tusk a organisé un tête-à-tête entre le président français et la chancelière allemande Angela Merkel, partisane de la ligne dure à l’égard de la Grèce. La question grecque a en effet mis les relations franco-allemandes à rude épreuve.
Une chose est certaine: les banques et la bourse grecques resteront fermées lundi et ce pour la troisième semaine consécutive. Les mesures de contrôle des capitaux pourraient même durer jusqu’à encore deux mois.
Cinq pays de la zone euro seraient favorables à un Grexit