La Turquie a promis sa pleine coopération à l’Union européenne (UE) dans la gestion de la crise de réfugiés. En contrepartie, elle a obtenu l’accélération des négociations en vue de son adhésion à l’UE. Mais dans un premier temps déjà, les ressortissants turcs seront exemptés de visas pour des voyages de courte durée dans les Etats de l’UE. Enfin, l’aide financière européenne destiné à l’accueil des réfugiés sur son territoire sera accrue.

«Nous avons besoin de la Turquie et la Turquie a besoin de nous»

Ces mesures ont été approuvées la nuit dernière par les chefs d’Etat et de gouvernement européens réunis en sommet depuis jeudi après-midi. Ils ont en effet validé les négociations menées en urgence mercredi et jeudi par le premier vice-président de la Commission Franz Timmermans qui avait été dépêché d’urgence à Ankara pour obtenir l’aide de la Turquie dans la gestion de la crise des réfugiés. «Nous avons besoin de la Turquie et la Turquie a besoin de nous», avait-il dit peu avant son départ. Il était accompagné du commissaire Johannes Hahn, chargé de l’Elargissement.

La libéralisation du régime de visas et la reprise des négociations en vue d’une éventuelle adhésion ne feront toutefois pas avant le printemps prochain. D’ici là, Ankara devra faire preuve de sa pleine coopération, notamment accepter de recevoir les candidats à l’asile qui seront refoulés par l’UE. Lors du sommet, les dirigeants européens ont affirmé leur volonté d’accueillir les réfugiés, notamment syriens qui fuient la guerre dans leur pays, mais aussi d’accélérer le processus de retour des migrants économiques venant principalement d’Afrique ou d’Asie.

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La Turquie a fait sa demande d’adhésion en 1962. Les négociations sont à peine avancées. Plusieurs pays, notamment la France et l’Allemagne, y sont ouvertement opposés. Idem pour la libéralisation du régime de visas. A son arrivée au sommet européen jeudi, le président français François Hollande mettait en garde contre une telle concession. Les négociations entre Bruxelles et Ankara à ce sujet ont débuté il y a quatre ans et un rapport est attendu pour la fin de l’année.

Du côté de l’aide financière, l’UE avait promis une enveloppe d’un milliard d’euros à la Turquie dans le cadre de son plan d’action pour une gestion commune des réfugiés. Cette somme était destinée à soutenir les efforts de la Turquie dans l’accueil des réfugiés. Selon les autorités turques, le pays compte 2,2 millions de Syriens et 300 000 Irakiens, répartis dans 25 camps de réfugiés. Ankara affirme qu’il a déjà consacré 6 milliards d’euros dans les dépenses humanitaires depuis quatre ans et a jugé la proposition européenne inadéquate. Selon des sources diplomatiques, les autorités turques auraient demandé une contribution rapide de trois milliards d’euros. Cette question précise fera l’objet de négociations ces prochains jours. A cet effet, la chancelière allemande Angela Merkel a demandé à ses homologues de faire un effort.

Tant les autorités turques qu’européennes admettent que le flux de réfugiés n’est pas prêt de se tarir. Selon les organisations humanitaires, entre deux et trois millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays pourraient se rendre en Turquie voisine à cause de la détérioration des infrastructures en Syrie. Après une visite en Turquie le mois dernier, le président du Conseil européen, Donald Tusk avait averti de l’arrivée de plusieurs centaines de milliers de réfugiés en Europe dès le printemps prochain.