Selon les résultats officiels portant sur les bulletins dépouillés dans près de 99% des bureaux de vote, 65,76% des Croates ont répondu «oui» à la question de savoir si le mariage devait être inscrit dans la Constitution comme «l’union entre un homme et une femme».

A 16 h, soit trois heures avant la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation (26,75%) était bien inférieur à celui enregistré à la même heure (33,79%) lors du référendum sur l’adhésion de la Croatie à l’Union européenne en 2012.

Fondement de la famille

Dans cette ex-république yougoslave de 4,2 millions d’habitants, tout récemment devenue membre de l’UE, l’Eglise catholique, particulièrement influente, a donné son plein soutien à l’organisation de cette consultation.

«Le mariage est le fondement de la famille et de la société. Les Croates ont le droit de dire si, pour eux, le mariage est l’union entre un homme et une femme», a déclaré dans la journée Zeljka Markic, présidente du collectif conservateur «Au nom de la famille», qui a été à l’origine de cette consultation.

«Triste et insensé»

Le gouvernement de centre gauche dirigé par Zoran Milanovic avait appelé ces derniers jours les citoyens à voter contre un tel amendement.

«C’est un référendum triste et insensé […], j’espère que c’est la dernière fois que nous aurons à organiser un tel scrutin de cette manière et sur ces questions», a déclaré Zoran Milanovic à la presse après avoir voté.

«La Constitution devrait préciser quelles sont les questions qui peuvent être soumises à un référendum et celles qui ne devraient pas en faire l’objet, qui représentent l’intimité de la famille», a-t-il ajouté.

Mais, pour le chef du principal parti d’opposition (HDZ, droite nationaliste), Tomislav Karamarko, voter oui signifie «protéger les valeurs traditionnelles».

«Il ne s’agit pas de menacer les droits des autres, mais de maintenir notre droit à être ce que nous sommes. Malheureusement, nous devons, pour ce faire, introduire dans la Constitution quelque chose qui est naturel», a-t-il fait valoir.

«Menaces pour la démocratie»

Pour sa part, le chef de l’Etat, Ivo Josipovic, a noté que «la question posée était d’ordre éthique et ne changerait pas grand-chose». «Le message et les résultats [du scrutin] doivent néanmoins être respectés», a-t-il dit.

«Je m’aperçois que l’on utilise des méthodes démocratiques pour menacer des valeurs fondamentales de la démocratie. C’est à la majorité qu’il revient de lutter pour les droits des minorités», a estimé Eugen Pusic, qui milite pour la défense des droits de l’homme.

«Des gens qui ne peuvent rien perdre et vivent déjà mariés veulent dicter aux autres comment ils vont vivre», s’est indigné pour sa part l’acteur Vili Matula, qui a voté non.

Amélioration

La Croatie a parcouru un long chemin depuis sa première Gay Pride, en 2002, lorsque les participants à la marche avaient été agressés par des extrémistes. Depuis, l’attitude envers les droits des homosexuels s’est graduellement améliorée.

En 2003, la Croatie a accordé aux couples de même sexe les mêmes droits qu’aux hétérosexuels vivant en union libre, dont une sorte de reconnaissance de la communauté de biens.