Après l’abandon des deux candidats modérés Pete Buttigieg et Amy Klobuchar, la course démocrate à la Maison Blanche ne compte plus que cinq concurrents. David Redlawsk, enseignant chercheur à l’Université du Delaware analyse les enjeux du Super Tuesday dans la campagne électorale.

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Le Temps: Quelle sera l’importance de ce Super Tuesday pour cette élection présidentielle?

David Redlawsk: Il sera très important, pour deux raisons. D’abord, c’est la première fois dans ce cycle d’investiture que plus d’un Etat votera le même jour, et nous aurons donc une meilleure idée du soutien dont bénéficient les candidats à travers le pays, dans toutes les régions. Deuxièmement, près de 40% de tous les délégués démocrates à la convention nationale seront attribués cette nuit-là [les candidats gagnants obtiennent un nombre de délégués précis pour la convention de juillet en fonction de leurs résultats et celui qui en aura au moins 1991 sur 3979 deviendra le candidat officiel pour défier Donald Trump, ndlr]. Nous saurons ainsi mieux qui a une chance de remporter l’investiture et qui n’en a pas.

Justement: ce sera un peu le «moment de vérité» pour les six candidats restants?

Les candidats qui ne parviendront pas à gagner des délégués ce soir-là devront reconnaître que la partie est terminée pour eux. Le seuil de 15% des voix (au niveau de chaque Etat ou des circonscriptions du Congrès) signifie probablement que plusieurs candidats se retrouveront avec peu ou pas de délégués du tout. Si c’est le cas, ils devront vraiment réévaluer la situation, car leur collecte de fonds se tarira probablement et les médias leur accorderont très peu d’attention par la suite.

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Existe-t-il donc une sorte de seuil psychologique concernant le nombre de délégués à atteindre ce jour-là?

C’est plus une question pratique que psychologique. Un mauvais résultat signifiera simplement ne pas avoir de chance d’être nommé candidat officiel. Les médias examineront tout particulièrement comment Bernie Sanders se débrouillera par rapport aux autres. S’il se détache vraiment des autres candidats dans le décompte des délégués, le sentiment qu’il pourra remporter la nomination grandira. Mais le retrait soudain de Pete Buttigieg rend désormais cette probabilité plus faible. Ses partisans sont plus susceptibles de voter pour d’autres candidats que pour Bernie Sanders, ce qui augmente leurs chances de gagner au moins quelques délégués et affaiblit ainsi l’emprise de Bernie Sanders sur le Super Tuesday. De plus, la nette victoire de Joe Biden en Caroline du Sud lui donne un réel élan, ce qui réduit encore un peu plus les chances de voir Bernie Sanders clairement se détacher mardi.

Y a-t-il eu des tournants particuliers lors de précédents Super Tuesdays?

Celui de 2008 pour les démocrates a clairement démontré que la candidature de Barack Obama pour défier Hillary Clinton, qui était alors la présumée favorite, était sérieuse. Au lieu de dominer, Hillary Clinton s’est partagé les Etats avec Barack Obama et chacun a gagné un nombre similaire de délégués. Barack Obama a ensuite remporté l’investiture. Cette même année, du côté des républicains, John McCain avait dominé les autres candidats et sécurisé sa nomination, après avoir eu de mauvais résultats dans l’Iowa et perdu contre Mitt Romney dans le Michigan.