Au plus bas dans les sondages depuis des mois, Yasuo Fukuda a été confronté à une série de scandales et d'affaires de corruption impliquant son parti et l'administration. En juin dernier, il avait essuyé un vote de défiance du Sénat suite à une motion déposée par la principale force d'opposition, le Parti démocrate du Japon (PDJ) de centre gauche. Dès son arrivée au pouvoir en septembre 2007, fort d'un large soutien populaire, il avait dû gérer plusieurs dossiers délicats, dont un vaste cafouillage dans la gestion informatisée des retraites et l'épineuse question de la reconduction d'une mission navale d'aide à la coalition internationale engagée en Afghanistan.
Le mois dernier, Yasuo Fukuda avait procédé à un large remaniement ministériel dans l'espoir de remonter dans les sondages. En vain. Tout comme son prédécesseur, Shinzo Abe, il aura finalement jeté l'éponge au bout d'une année de descente aux enfers. Même l'organisation du G8, en juillet au Japon, ne lui aura pas permis de retrouver grâce aux yeux des Japonais.
Le PLD doit désormais organiser un scrutin pour se doter d'un nouveau président qui deviendra le nouveau chef du gouvernement. Le PDJ, qui contrôle déjà la Chambre haute depuis un an, appelle pour sa part à des élections anticipées pour renouveler la Chambre basse. Les sondages indiquent que le PDJ l'emporterait alors sur le PLD. Les prochaines élections ne sont toutefois pas prévues avant un an.
«Faucon» assagi
Taro Aso, qui a été nommé le mois dernier secrétaire général du PLD, paraît le mieux placé pour reprendre le poste de premier ministre. Agé de 67 ans, ce fils de vieille famille patricienne fait partie de la frange ultra-conservatrice qui s'est imposée à la tête du PLD en 2000. Ce «faucon» s'était signalé lorsqu'il était ministre des Affaires étrangères, jusqu'en 2007, par des déclarations teintées de xénophobie en optant pour une politique de confrontation avec la Chine et la Corée du Nord et un alignement sur la politique étrangère des Etats-Unis.
Taro Aso est également proche des cercles négationnistes qui refusent de reconnaître la culpabilité du Japon pour ses crimes durant la Deuxième Guerre mondiale. Malgré ces vues extrémistes que ne partagent pas une majorité de Japonais, sa cote de popularité demeure élevée. Il est vrai qu'il a su tempérer son discours depuis une année.
Si Taro Aso part favori, d'autres candidats pourraient émerger. A commencer par Sadakazu Tanigaki, ex-ministre des Finances et actuel ministre de la Terre, des Infrastructures et des Transports et par ailleurs chef de la politique du PLD. Il a déjà été par le passé candidat au poste de premier ministre. Cette démission n'en illustre pas moins une nouvelle fois le désenchantement qui règne au sein du PLD et dans la population à l'égard d'un parti vieillissant.