Le leader du Peuple de la liberté (PdL) clame toujours son innocence. Ses parlementaires et ses ministres répètent que l’application de la loi Severino n’est pas rétroactive. «Inutile» même de voter au Sénat puisque leurs propositions «sont rejetées». Avant le vote du groupe spécial des sénateurs, les représentants du PdL ont quitté la salle de réunion. Réaction au «refus de donner suite à nos demandes», se justifie Lucio Malan, élu du Piémont: «Faire examiner la loi par la Cour européenne des droits de l’homme et par la Cour constitutionnelle italienne.»
Tous devront néanmoins attendre la décision de l’ensemble des sénateurs qui suivra ou non les recommandations de la commission. Sur les bancs du Palais Madame, près de 110 démocrates et 50 représentants du Mouvement 5 étoiles de l’ancien humoriste Beppe Grillo. Plus de la moitié des parlementaires dont la consigne est la même: «Faire respecter la loi.»
Silvio Berlusconi continuera à faire de la politique avec ou sans mandat de sénateur. Il l’a annoncé dans une vidéo de seize minutes diffusée en direct sur les chaînes de télévision de son groupe Mediaset.
«Il s’appuie sur les voix de millions d’Italiens, sur leur défense et la défense de la liberté», a réagi Lucio Malan. Les couleurs du parti qui a «fait descendre» Silvio Berlusconi en politique en 1994 sont présentes dans les principales villes de la Péninsule depuis début août. De simples affiches de partisans qui agitent des drapeaux de Forza Italia lors d’un discours du Cavaliere, le 4 août, après sa condamnation définitive. Et une phrase: «Encore sur le terrain pour l’Italie.»
La condamnation a «entraîné une grande solidarité» autour du Cavaliere, se réjouit Maurizio Gasparri, vice-président PdL du Sénat. Solidarité qui s’est concrétisée jeudi: Silvio Berlusconi a inauguré le nouveau siège de Forza Italia, en plein centre de Rome, à quelques centaines de mètres seulement du Sénat. Le tout retransmis en direct sur un écran géant devant les nouveaux locaux.
Forza Italia permet aujourd’hui à Silvio Berlusconi de se «réapproprier un parti qui lui est propre», analyse Giuseppe Bettoni, politologue et professeur à l’Université Tor Vergata à Rome. Car dans son message diffusé mercredi, il s’adressait aussi à son désormais ancien parti, le PdL, au sein duquel «des modérés rêvent de récolter les fruits» de son action politique.
«Il a montré à tous qu’il est encore bien présent et agressif», poursuit le professeur. A son alliance, mais aussi au centre gauche. Une gauche qui a «peur» car son principal parti, le Parti démocrate (PD), «n’existe plus». En témoigne, selon Giuseppe Bettoni, un congrès dont les règles et la date ne sont toujours pas connues, des candidats qui se multiplient pour une primaire encore non fixée pour prendre la tête du parti. Le PD, dont le nouveau secrétaire Guglielmo Epifani «n’a pas été élu», rappelle le politologue. Tout doit être défini vendredi et samedi: les démocrates se réunissent en assemblée nationale dans la capitale.
Le rapport de force penchant de son côté, Silvio Berlusconi a donc tiré cette semaine ce que beaucoup désignent comme sa «dernière cartouche». Ses menaces de faire tomber la coalition gauche-droite au pouvoir se sont éloignées, à condition que le gouvernement «maintienne ses engagements». Mais son «agressivité» ne l’a pas quitté. Devant le drapeau italien de Forza Italia, il a répondu hier à tous ses détracteurs, qu’il accuse «d’hypocrisie»: «Il est inacceptable que la loi soit égale pour tous.» Déjà annoncé au programme du parti, la réforme de la justice.
«Il est inacceptable que la loi soit égale pour tous», a répondu le Cavaliere à tous ses détracteurs