Eprouvées par la pollution causée par l’agriculture intensive et certaines pratiques de pêche, les populations de poissons du plus grand lac d’Afrique sont exsangues. Faute d’emploi, des milliers de pêcheurs kényans se lancent dans un exil à hauts risques vers les riches pays du Golfe

«Le chômage est tel que nos enfants sont forcés de s’en aller», se lamente Ali Juma dans le port de Dunga, au bord du lac Victoria dont la superficie – plus de 68 000 km² – en fait l’un des plus grands au monde. Autrefois pêcheur, le secrétaire de l’Association nationale des pêcheurs du Kenya (KENAFA) s’est résigné à laisser partir deux de ses filles vers le Golfe: l’une pour l’Arabie saoudite, l’autre pour le Qatar. A la clé, des postes d’employées de maison rémunérés environ 200 francs suisses par mois.