Didier Burkhalter compte sur Vladimir Poutine
Ukraine Pour le président de l’OSCE, les sanctions contre Moscou ne sont pas prioritaires
Il souligne l’impératif d’un dialogue entre Kiev et pro-russes avant la présidentielle
Renforcer les sanctions contre la Russie serait contre-productif. Elles ne sont pas une priorité. Il faut surtout éviter de faire quoi que ce soit qui freine Moscou à s’engager dans le processus de dialogue en Ukraine. C’est en substance ce qu’a déclaré Didier Burkhalter, président de la Confédération et président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), à l’issue d’une rencontre avec les ministres européens des Affaires étrangères réunis lundi à Bruxelles. Ironie du sort, ces derniers ont allongé hier la liste de personnes proches du Kremlin frappées par le gel des avoirs et des restrictions de voyages à l’étranger. Désormais, ce sont 61 membres de la nomenklatura russe et deux entreprises russes ayant tiré profit de l’annexion de la Crimée qui sont ciblés par les sanctions européennes.
«Notre décision a été prise indépendamment de ce que pense l’OSCE, explique Jean Asselborn, le chef de diplomatie luxembourgeoise. Les sanctions font partie du dispositif de notre action diplomatique.» Toute en reconnaissant que les mesures prises à ce jour n’ont pas réussi à faire plier la Russie, le ministre estime que la troisième phase des sanctions, c’est-à-dire économiques, pourrait être appliquée si l’élection présidentielle du 25 mai est perturbée par les pro-russes.
Lors de sa rencontre avec les ministres européens qui a duré deux heures, Didier Burkhalter a fait un compte-rendu de sa rencontre la semaine dernière avec le président russe Vladimir Poutine, et a surtout présenté la feuille de route de l’OSCE pouvant contribuer à une désescalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine. Il est satisfait que Moscou n’ait rien entrepris depuis mercredi qui pourrait faire douter de sa bonne volonté.
«Vladimir Poutine s’était exprimé contre les référendums à l’est de l’Ukraine, a rappelé Didier Burkhalter. A l’issue du scrutin, il n’a pas reconnu la revendication des indépendantistes, mais a simplement demandé de respecter les résultats.» Le président de la Confédération s’est dit convaincu de la volonté des différentes parties, dont Moscou, d’engager un dialogue afin de mettre fin à la crise. Il est catégorique: la Russie est toujours disponible pour aider à trouver une solution.
La solution, selon Didier Burkhalter, passe par un dialogue tant au niveau local que national, sous les auspices de l’OSCE. «Nous n’avons pas de temps à perdre; il faut nommer immédiatement les personnes qui pourront aider à instaurer ce dialogue», a-t-il insisté. Il a encore déclaré que ce processus ne serait pas un succès sans la pleine participation de toute la société ukrainienne. Lors de la formation du gouvernement de transition, le nouveau pouvoir avait sciemment exclu tout représentant des populations de l’est du pays, ce qui a été l’une des causes des tensions.
Partisan de cette initiative, Jean Asselborn a expliqué qu’un résultat concret doit être visible ces prochains jours. «Il n’y a pas que des fascistes à l’ouest du pays et que des terroristes à l’est, dit-il. Il est urgent de réunir ces personnes autour d’une table.»
A l’issue de la réunion, la cheffe de la diplomatie européenne a donné un gage de bonne volonté aux habitants de l’est du pays, russophone en grande partie et plutôt hostile à Kiev. Catherine Ashton a exhorté les autorités à mener des enquêtes indépendantes sur les violences perpétrées récemment par les forces gouvernementales.
«Il n’y a pas que des fascistes à l’ouest du pays et que des terroristes à l’est»