Dilma Rousseff, première femme à la tête du Brésil
élections
La dauphine de Lula, Dilma Rousseff, a devancé de plus de onze points son rival social-démocrate José Serra. A l’issue du scrutin, la nouvelle présidente a ainsi obtenu 55,6% des voix
Propulsée par la popularité record de Lula, Dilma Rousseff sa dauphine a été largement élue dimanche première femme présidente du Brésil, un géant de 193 millions d’habitants devenu la huitième économie du monde. Elle devance de plus de onze points son rival social-démocrate José Serra.
Selon un dépouillement portant sur 95% des suffrages, l’ex-numéro deux du gouvernement du président Luiz Inacio Lula da Silva obtient 55,6% des voix et l’ancien gouverneur de Sao Paulo 44,4%, a annoncé le président du Tribunal électoral supérieur Ricardo Lewandowski.
Ces résultats ont été reçus par des ovations et des cris de joie au siège du comité de campagne de Rousseff, où arrivaient ministres, gouverneurs et dirigeants de la coalition gouvernementale.
«J’arrive avec un sentiment de victoire méritée», a dit le dirigeant du Parti des Travailleurs (PT, gauche), José Dirceu. Les militants du PT euphoriques, revêtus de chemises rouges et agitant des drapeaux, se massaient devant le siège du comité du parti, dans un hôtel de Brasilia.
La candidate du Parti des Travailleurs (PT-gauche) a bénéficié de l’énorme popularité de Lula et du succès de sa politique qui a apporté la prospérité à ce pays grand comme deux fois l’Union européenne.
Dilma Rousseff a suivi les résultats avec le président Lula et devait prononcer une courte allocution dans un hôtel de Brasilia avant de célébrer sa victoire sur l’esplanade des ministères, au cœur de la capitale fédérale. L’abstention a marqué ce second tour avec 21% des Brésiliens qui ne sont pas allés voter, bien que le vote soit obligatoire.
Lula discret sur ses projets En votant dans la matinée dans sa ville de Porto Alegre au sud du pays, Dilma Rousseff avait déclaré attendre «avec confiance le résultat du vote», en raison du large avantage accordé par tous les sondages.
José Serra, qui a voté dans son fief de Sao Paulo dont il était gouverneur avant de se lancer pour la deuxième fois dans la course à la présidence, maintenait son espoir, en dénigrant les sondages. «Le peuple vote et décide. Maintenant nous allons attendre le résultat de tous les coins du pays», avait-il dit.
Lula ne pouvait se représenter après deux mandats successifs et doit transmettre le pouvoir à sa dauphine le 1er janvier. Il n’a rien dévoilé de ses projets d’avenir mais l’opposition le soupçonne de vouloir être l’éminence grise de sa protégée. Samedi, celle-ci avait assuré que, si elle était élue, elle maintiendrait une relation «intime et forte» avec son mentor Lula.
Ce dernier a toutefois écarté dimanche une participation à un gouvernement Rousseff. «Il n’y a aucune possibilité qu’un ex-président participe à un gouvernement. Dilma, si elle est élue, devra former un gouvernement qui aura son image».
Réputation de «dame de fer» Une controverse sur ses positions en faveur du droit à l’avortement, un sujet particulièrement sensible pour les électeurs évangélistes, l’avait privée d’une victoire dès le premier tour début octobre. Elle avait alors obtenu 46% des suffrages au total contre 32% à José Serra. L’écologiste évangéliste Marina Silva avait créé la sensation en réunissant près de 20% des voix.
Dénuée de charisme mais à la réputation de «dame de fer» quand elle était au gouvernement, Dilma Rousseff a combattu la dictature militaire dans les années soixante-dix et a été emprisonnée pendant deux ans. Cette économiste se présentait pour la première fois à une élection.
Les deux candidats s’étaient engagés à poursuivre la politique de Lula qui a sorti de la pauvreté 29 millions de Brésiliens avec une économie en plein boum.
«J’ai voté pour l’humilité et la cause de Lula. Quand je vivais dans le Nord-Est les gens n’avaient même pas de vélo. Maintenant ils ont tous une voiture ou une moto», a déclaré Inacio Batista, un vendeur ambulant de galettes de maïs à Sao Paulo qui a voté pour Dilma Roussef.