Publicité

Donald Trump demande à son ministre de la Justice de mettre fin à l'enquête russe

Le président estime que «l’Attorney General Jeff Sessions devrait stopper immédiatement cette chasse aux sorcières truquée», faisant référence à l’enquête sur une possible collusion avec la Russie lors de l’élection présidentielle. Mais Jeff Sessions n’a pas la main sur l’enquête russe

Le président Donald Trump et son ministre de la justice  Jeff Sessions le 15 décembre dernier. — © Evan Vucci
Le président Donald Trump et son ministre de la justice  Jeff Sessions le 15 décembre dernier. — © Evan Vucci

Donald Trump a demandé mercredi à son ministre de la Justice de mettre fin à l’enquête sur l’ingérence russe dans la présidentielle de 2016. Il dénonce une enquête minée par des conflits d’intérêts du procureur spécial Robert Mueller et manipulée par ses adversaires.

Sur Twitter, le président républicain a critiqué une «chasse aux sorcières» et affirme que l’enquête fédérale que mène Robert Mueller depuis mai 2017 est une «tache» sur les Etats-Unis.

Lire aussi:  Paul Manafort affronte les juges

Après deux tweets attaquant l’enquête, il écrit: «C’est une terrible situation et l’Attorney General Jeff Sessions devrait stopper immédiatement cette chasse aux sorcières truquée avant qu’elle continue de souiller davantage notre pays.» Selon lui, «Bob Mueller est en plein conflit d’intérêts et ses 17 démocrates en colère qui font son sale boulot sont une honte pour les USA !»

«Supercherie intégrale»

Dans un autre tweet publié une demi-heure plus tard, il affirme que cette «collusion russe avec l’équipe de campagne Trump, l’une des plus efficaces de l’histoire, est une supercherie intégrale (’total hoax’)». Il accuse «les démocrates d’avoir payé pour se procurer le dossier bidon et discrédité qui a servi (...) pour lancer cette chasse aux sorcières. Scandaleux !»

Contactée par Reuters, une porte-parole du département de la Justice a déclaré que le ministère n’avait aucun commentaire à faire dans l’immédiat sur ce tweet.

Jeff Sessions n’a pas la main sur l’enquête russe. Dès mars 2017, moins de deux mois après l’investiture du 45e président des Etats-Unis, il s’est en effet récusé de tous les dossiers liés aux soupçons d’influence russe après avoir dû admettre qu’il avait omis d’évoquer, lors de la procédure de confirmation de sa nomination par le Sénat, ses rencontres avec l’ambassadeur russe à Washington.

C’est le numéro deux du département de la Justice, Rod Rosenstein, qui a nommé Robert Mueller, ancien directeur du FBI, au poste de procureur spécial chargé de cette «enquête russe».

Quatre proches poursuivis

L’enquête porte sur une possible collusion entre Moscou et l’équipe de campagne de Donald Trump en 2016. Le milliardaire républicain fulmine régulièrement contre cette investigation dans le cadre de laquelle quatre membres de son ancienne campagne, notamment, sont poursuivis pour des délits qui ne sont cependant pas directement liés à une éventuelle collusion.

Le procès pour fraudes et blanchiment d’argent de son ancien chef de campagne, Paul Manafort, a ainsi débuté mardi dans la banlieue de la capitale Washington.

Paul Manafort est notamment soupçonné d’avoir dissimulé sur des comptes à l’étranger des millions de dollars de revenus perçus en tant que conseiller du parti de l’ex-président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch.

L’accusation cherche à obtenir des informations sur le travail alors fourni par Manafort et espère que cela mettra en évidence des liens entre l’accusé et la Russie. Le mois dernier, les enquêteurs de Robert Mueller ont révélé que l’ex-directeur de campagne de Donald Trump avait obtenu un prêt de 10 millions de dollars de l’homme d’affaires Oleg Deripaska, un proche de Vladimir Poutine.

Attaques frontales

Dans un rapport déclassifié publié début janvier 2017, avant l’investiture de Donald Trump, la CIA, le FBI et l’Agence de sécurité nationale (SA) ont conclu à une ingérence de Moscou pour faciliter sa victoire face à son adversaire démocrate Hillary Clinton, jugée moins favorable aux intérêts de la Russie.

Le président américain a d’ailleurs renouvelé ses critiques contre son ancien directeur de campagne mercredi matin, dans un autre tweet: «Il a travaillé pour moi très peu de temps. Pourquoi le gouvernement ne m’a pas dit qu’il était la cible d’une enquête? Ses anciennes accusations n’ont rien à voir avec la collusion».

Le président américain confirme ainsi par ses tweets qu’il a désormais adopté une stratégie d’attaques frontales contre le procureur Mueller.