Premier dirigeant étranger à être reçu par Donald Trump, la première ministre britannique Theresa May est arrivée vendredi à la Maison Blanche toute de rouge vêtue. Alors que le président des Etats-Unis est en pleine tension diplomatique avec le Mexique, qui s’est conclu par une annulation de la visite du président mexicain prévue mardi, Theresa May est venue pour parler de pont, pas de mur. A l’ordre du jour: les liens commerciaux post-Brexit et l’envie de donner une nouvelle impulsion à la «relation très spéciale» entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

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Lors d’une brève conférence de presse – elle n’a duré que dix-huit minutes –, Donald Trump, qui a rappelé ses racines écossaises, a loué les liens cordiaux tissés avec la ministre britannique. Theresa May a de son côté signalé que le président avait accepté l’invitation de se rendre au Royaume-Uni. «J’ai pu aujourd’hui transmettre à Sa Majesté la reine l’espoir que le président et la première dame se rendront en visite au Royaume-Uni avant la fin de l’année. Et je suis ravie qu’il ait accepté cette invitation», a-t-elle déclaré.

Mais surtout, Theresa May a affirmé que Donald Trump soutenait l’OTAN «à 100%», en lui lançant un petit regard furtif. Le président américain n’a pas démenti, lui qui avait récemment qualifié l’alliance atlantique d'«obsolète». Autres points de discussion, la lutte contre l’Etat islamique et les relations avec la Russie. Donald Trump a soulevé qu’il était «très tôt» pour évoquer la levée des sanctions contre la Russie; Theresa May s’est montrée ferme sur le besoin de les maintenir.

«Pas négocier»

La visite s’inscrit dans un contexte complexe, alors que Donald Trump se lance dans des mesures protectionnistes avec son slogan «America First» qui provoque la méfiance des leaders européens. La décision de la Première ministre britannique de se rendre aux Etats-Unis très rapidement après la prestation de serment du républicain, pour discuter d’un futur accord commercial, a créé la polémique au Royaume Uni. La Commission européenne lui a rappelé assez fermement que le Royaume-Uni pouvait bien «discuter» d’un éventuel accord de libre-échange avec un pays tiers, mais pas «négocier» tant qu’il reste membre de l’UE.

Theresa May, elle, retient avant tout que le président américain considère le Brexit comme une «chose merveilleuse», «un formidable atout, pas un énorme frein», qui va «donner une identité» au Royaume-Uni. Elle compte en faire un allié, pour faire le contrepoids à l’Union européenne dans le cadre des négociations sur les conditions de sortie du marché européen.

Si Donald Trump s’est montré peu prolixe devant la presse sur l’idée d’un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni, il a été plus clair dans une interview au Times, en déclarant vouloir négocier un tel accord rapidement: «Je suis un grand fan du Royaume-Uni. On va travailler très dur pour le faire rapidement et bien». Les Etats-Unis représentent le premier pays d’exportation des entreprises britanniques et le Royaume-Uni le cinquième pour les entreprises américaines.

Les contraires s’attirent

«Parfois, les contraires s’attirent». Peu avant sa rencontre avec Donald Trump, Theresa May a eu cette surprenante formule, mais qui ne fait que confirmer sa volonté de rapprochement. Tout différencie les deux dirigeants sur le plan de l’apparence et du caractère: fille de pasteur réservée, Theresa May est plutôt prudente, alors que Donald Trump se distingue par son exubérance et un franc-parler peu diplomatique, qui a de quoi déstabiliser ses adversaires. Pas de bise entre les deux dirigeants, mais des poignées de mains fermes devant le buste de Winston Churchill présent dans le Bureau ovale.

Après cette première visite d’un dirigeant étranger, Donald Trump aura un week-end chargé. ll devrait, pour la première fois depuis son entrée en fonction, avoir un échange téléphonique ce samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Il s’entretiendra également par téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel et avec le président français François Hollande.