Escroquerie au faux détecteur de bombes
Irak
Les qualités du détecteur commercialisé par James McCormick étaient proprement extraordinaires. Or tout n’était que du vent
L’histoire
Les qualités du détecteur commercialisé par James McCormick étaient proprement extraordinaires: il pouvait déceler drogue, traces infimes d’explosif, billets de banque et même l’ivoire; flairer les matières recherchées à travers des mètres de béton, les dénicher jusqu’à 10 mètres sous terre, sous l’eau ou à un kilomètre de distance depuis les airs. Une aubaine pour les forces de sécurité en zones de conflit. C’est d’ailleurs en conquérant une part du marché irakien que l’homme a fait sa fortune, des dizaines de millions de francs, entre 2006 et 2010. Mais, comme l’a établi la justice anglaise, tout n’était que du vent.
Le détecteur comprend une poignée reliée à un boîtier de poche et équipée d’une antenne. Les enquêteurs ont montré que ni l’antenne, ni les puces électroniques censées renfermer les secrets de l’appareil n’étaient raccordées. «Et pourtant ça marche», a répété James McCormick durant les auditions. Les experts scientifiques ont prouvé le contraire. Déclaré coupable de fraude, mardi, James McCormick risque 10 ans de prison.
Inspiré au départ d’un équipement de golf servant à trouver les balles perdues, payé 15 dollars aux Etats-Unis, le modèle ADE 651, le plus performant des détecteurs commercialisés par James McCormick, était vendu près de 40 000 dollars. En tout, l’armée irakienne en a acheté 6000, pour une valeur de 85 millions de dollars. La police belge, celle de Hongkong, des rangers kényan qui traquent les contrebandes d’ivoire, Mouammar Kadhafi et les Casques bleus au Liban ont aussi mordu à l’hameçon de l’escroc britannique. Il y a un mois, pour inspecter les véhicules à certains check points de Bagdad, des soldats se servaient encore des baguettes de la gamme ADE, sans savoir qu’elles n’étaient pas magiques.