Espionnage: Obama fournira toutes les informations aux Européens
Affaire Snowden
En visite officielle en Tanzanie, le président américain a assuré que les Etats-Unis fourniront à leurs alliés toutes les informations qu’ils réclament sur les activités d’espionnage électroniques par la NSA

Les Etats-Unis fourniront à leurs alliés européens toutes les «informations» qu’ils réclament sur les activités d’espionnage électroniques dont est accusée la NSA contre leurs représentations à Washington et à l’ONU, a assuré lundi le président Barack Obama à Dar es Salaam.
Washington continue «d’évaluer» le contenu de l’article du quotidien britannique Guardian, citant des documents fournis par l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden et les Etats-Unis «communiqueront (ensuite) de manière appropriée avec leurs alliés», a poursuivi Barack Obama. Le quotidien britannique a suscité un véritable scandale en révélant les pratiques de la NSA
Puis autour de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel de révéler dimanche que l’agence américaine espionnait des bâtiments officiels de l’Union européenne aux États-Unis, mais aussi à Bruxelles depuis de longues années. Au sein de l’UE, l’Allemagne est, selon l’hebdomadaire, une cible privilégiée.
Le Spiegel fonde ses accusations sur des documents confidentiels dont il a pu avoir connaissance grâce à l’ancien collaborateur du renseignement américain Edward Snowden, auteur de révélations explosives sur le programme américain d’espionnage électronique. Selon le Guardian, la France, l’Italie et la Grèce figuraient parmi les 38 «cibles» surveillées par l’agence américaine.
Menaces de blocage
Furieux après ces révélations, les Européens ont exigé lundi l’arrêt immédiat de tout espionnage, menaçant de bloquer toute future négociation. La France ne peut «pas accepter ce type de comportements» qui doivent cesser «immédiatement», a réagi le président français François Hollande, premier chef d’Etat à s’exprimer aussi vivement sur les soupçons d’espionnage. «Les éléments sont déjà suffisamment réunis pour que nous demandions des explications», a-t-il ajouté.
Sans évoquer directement la création d’une zone de libre-échange transatlantique, objet de prochaines discussions, François Hollande juge que l’«on ne peut avoir de négociations ou de transactions» avec les Etats-Unis «qu’une fois obtenues (les) garanties» sur une cessation de l’espionnage par ce pays de l’UE et de la France.
En Allemagne, un porte-parole d’Angela Merkel, Stefen Seibert, a estimé que les Etats-Unis devaient «rétablir la confiance» avec leurs alliés européens. «Une discussion aura bientôt lieu» avec la chancelière, a-t-il précisé. La Grèce réclamait de son côté des «clarifications» à Washington.
Bruxelles «invite» l’ambassadeur des Etats-Unis
Le ministre belge des Affaires étrangère Didier Reynders a «invité» l’ambassadeur américain Howard Gutman. «Nous avons pris la décision de demander à l’ambassadeur des Etats-Unis de venir nous donner des explications sur les informations de presse concernant un espionnage possible de plusieurs Etats européens, et notamment de bureaux de représentation européens aux Etats-Unis comme de bureaux européens, je pense au Juste Lipse», le siège du Conseil des ministres de l’UE à Bruxelles, a déclaré à la presse le chef de la diplomatie belge.
«Ou bien c’est vrai, et alors c’est très grave, ou bien nous pourrons avoir quelques commentaires de l’ambassadeur des Etats-Unis», a ajouté M. Reynders.
Cette invitation – qui n’est pas une «convocation», un terme plus fort en langage diplomatique – a été prise «en collaboration» avec les autres capitales européennes, a expliqué M. Reynders, alors que Paris et Vienne ont annoncé des démarches similaires lundi.
«C’est la même question en Allemagne, c’est la même question en France et dans d’autres pays, mais aussi, je pense, au niveau européen», a assuré le chef de la diplomatie belge, sans préciser la date de la rencontre.
«Après, nous aurons peut-être une consultation au niveau de l’UE pour donner une réaction», a-t-il ajouté, reprenant la ligne de la représentante de l’UE pour la politique étrangère, Catherine Ashton, qui a elle aussi réclamé des explications à Washington.