Les Etats-Unis ne comprennent rien au gruyère, ni au parmesan
Appellations d’origine protégée
Les Etats-Unis et l’Europe n’ont pas encore conclu d’accord de libre-échange. L’un des grands obstacles à un tel dessein, explique Brian Carney, directeur de la communication de Rivada Networks, une société technologique spécialisée dans les communications, ce sont les appellations d’origine protégée (AOP) et les indications géographiques protégées (IGP)

Dans une tribune libre parue mardi dans le Wall Street Journal, intitulée «What’s More American Than Parmesan Cheese?» (Qu’est-ce qui est plus américain que le parmesan?), il estime que ces appellations sont des aberrations du marché. Elles révèlent une condescendance à l’égard du consommateur qui ne saurait pas distinguer un vrai parmesan d’une imitation produite aux Etats-Unis.
Zabar’s (photo), dans l’Upper West Side à Manhattan, l’épicerie qui fait office d’institution dans le quartier, a l’habitude d’afficher en grand de la publicité pour ses fromages: «Gruyère de montagne français», «New Zealand Swiss» ou «Emmental français». Récemment, à la suite de la mobilisation de la Confrérie du gruyère pour défendre son AOC, la société suisse Emmi avait finalement décidé, la mort dans l’âme, de renoncer à produire du gruyère dans le Wisconsin. Emmi est pourtant la principale société exportatrice de gruyère AOC aux Etats-Unis…
Pour Brian Carney, les AOP ou IGP résultent de la capacité de l’Union européenne de convaincre, voici quelques années, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de reconnaître ce type d’appellations pour les vins. Selon lui, si les producteurs européens se contentaient d’utiliser les droits à la propriété intellectuelle, ce serait largement suffisant. Il dénonce dès lors le protectionnisme de l’UE. Il est cependant convaincu que les producteurs américains de fromage ne sont pas près de renoncer à produire du parmesan, gruyère, cheddar, stilton pour faire «plaisir aux bureaucrates de Bruxelles». Sourcilleuse quand il s’agit de droit à la propriété intellectuelle, l’Amérique est tout à coup offusquée par les AOP et IGP européennes.
Dans la tribune acerbe de Brian Carney, il manque toutefois une notion fondamentale chère à l’Europe: le goût, le terroir. Les conditions de production, le processus qualitatif de production semblent à ses yeux n’être que barrières protectionnistes. Manifestement, les obstacles à un accord de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique sont encore considérables.