C’est officiel. Les Etats-Unis annoncent leur retour au Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU. Devant le gratin diplomatique de Genève, le chargé d’affaires de la Mission des Etats-Unis auprès de l’ONU Mark Cassayre l’a déclaré: «J’ai le plaisir de vous informer ce matin que le secrétaire d’Etat Blinken va annoncer que les Etats-Unis se réengagent dans le Conseil des droits de l’homme en tant qu’observateur.»

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Un changement complet

L’annonce était attendue, mais elle indique un changement radical d’avec l’administration de Donald Trump. Mais, comme Mark Cassayre l’a souligné lundi de façon virtuelle devant le CDH, les Etats-Unis sont conscients des «défauts» de l’institution, mais il a ajouté: «Cet organe a le potentiel d’être un forum important pour tous ceux qui combattent la tyrannie et l’injustice dans le monde. En étant présents à la table [de négociations], nous cherchons à nous assurer qu’il sera à la hauteur de ce potentiel.» En ce sens, Washington juge plus utile de s’engager dans le CDH pour le réformer. C’est aussi la prise de conscience que la politique de la chaise vide menée par Trump a permis à la Chine d’occuper le terrain de façon très active, au détriment de la conception américaine des droits humains.

Les Etats-Unis vont sans doute faire acte de candidature pour le CDH cet automne ou l’année suivante. Ils ont claqué la porte du Conseil en juin 2018 après avoir menacé de le faire rapidement après l’investiture de Donald Trump. L’ambassadrice auprès de l’ONU à New York Nikki Haley était venue à deux reprises à Genève pour dire tout le mal qu’elle pensait du CDH, considéré comme «anti-Israël» – en ce sens, elle s’alignait sur la position du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Des critiques avant Donald Trump

Toutefois, l’administration républicaine de Trump n’était pas la première à fustiger le CDH. L’ambassadeur de George W. Bush à Genève, Warren Tichenor, avait tenté de saper la création du CDH en 2006. L’Amérique de Bush fils avait boycotté l’institution genevoise. Le démocrate Barack Obama avait lui d’emblée décidé d’intégrer le CDH, nommant une ambassadrice spécifiquement dédiée aux droits humains, Eileen Chamberlain Donahoe, puis un ambassadeur amérindien, Keith Harper.

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Mark Cassayre a rappelé lundi ce que le président Joe Biden a récemment déclaré au sujet du racisme aux Etats-Unis: «Je ne promets pas que nous pourrons y mettre fin demain, mais je vous promets que nous allons faire de grands progrès pour mettre fin au racisme systémique. Chaque branche de la Maison-Blanche et du gouvernement fédéral fera partie de cet effort.» Le chargé d’affaire le relève: Washington sera animé par un esprit d’introspection, de collaboration et d’engagement avec le CDH afin de renforcer l’institution et de défendre au mieux les droits humains dans le monde.