La bataille d’Izioum pourrait changer le cours de la guerre
Izioum, une petite ville occupée par les forces russes, se retrouve assiégée par les Ukrainiens. Cette contre-offensive pourrait faire capoter les plans du Kremlin alors que cette localité pilonnée depuis des jours est une pièce maîtresse dans la conquête russe du Donbass
Tout semble paisible dans les ruelles de cette petite localité du sud de l’oblast de Kharkiv, dont le nom ne pourra être divulgué. Alentours, la campagne vit au rythme des semailles et les paysans s’activent pour rattraper le temps perdu à cause de la guerre. Mais le calme est trompeur, car il se trame une opération militaire cruciale. Et le bourg endormi est l’un des deux centres névralgiques et logistiques de la contre-offensive imminente pour reprendre Izioum et désenclaver le Donbass. Cette bataille pourrait marquer un tournant dans la guerre en Ukraine. Car Izioum, moins de 50 000 habitants avant la guerre, revêt une importance stratégique capitale dans le projet russe de conquête du Donbass.
Depuis l’échec de son attaque sur Kiev, le Kremlin a annoncé vouloir se concentrer sur son principal objectif de guerre, le Donbass, non sans défendre les positions conquises dans le sud du pays, à Kherson et sur le pourtour de la mer d’Azov. Mais si l’armée russe occupe une portion considérable (95%) de la région de Lougansk, l’un des deux oblasts qui, avec celui de Donetsk, forment le Donbass, elle piétine dans le nord et l’est de Donetsk où les troupes ukrainiennes sont basées depuis 2014 et où elles ont anticipé les assauts russes. Regroupées derrière des lignes fortifiées et minées, elles sont presque indélogeables, sinon à les assiéger. Précisément ce que l’état-major russe a planifié.