L’ex-premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé, dimanche soir, renoncer à se présenter dans la campagne pour Downing Street, laissant la voie libre au grand favori Rishi Sunak pour succéder, sauf nouveau coup de théâtre, à Liz Truss.

«Au cours des derniers jours, je suis malheureusement arrivé à la conclusion que ce ne serait tout simplement pas la bonne chose à faire. Vous ne pouvez pas gouverner efficacement si vous n’avez pas un parti uni au Parlement», a-t-il expliqué dans un communiqué, où il a affirmé avoir obtenu 102 parrainages de députés conservateurs, plus donc que les 100 nécessaires pour poursuivre la campagne. Il se dit convaincu qu'il aurait eu, s'il était candidat, «une bonne chance (...) de retourner à Downing Street» et se dit «bien placé» pour mener son camp lors des prochaines législatives prévues dans deux ans.

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Boris Johnson, qui avait démissionné en juillet, emporté par une succession de scandales, était rentré samedi de ses vacances en République dominicaine, renforçant l’hypothèse d’une candidature. Mais il n’avait pas annoncé officiellement se présenter dans cette campagne, qui se tient à la suite de la démission de Liz Truss jeudi après seulement 44 jours au pouvoir.

2024 dans le viseur

Il explique avoir contacté les deux candidats déclarés, Rishi Sunak qu’il a vu samedi soir, et aussi Penny Mordaunt. «J’espérais que nous pourrions nous réunir dans l’intérêt national mais nous n’avons malheureusement pas été en mesure de trouver un moyen de le faire», écrit-il.

«Par conséquent, je crains que la meilleure chose soit de ne pas poursuivre» cette course et «d’apporter mon soutien» à la personne qui l’emportera. «Je crois que j’ai beaucoup à offrir, mais je crains que ce ne soit tout simplement pas le bon moment», écrit-il encore.

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«Je crois que je suis bien placé pour assurer une victoire conservatrice en 2024», écrit aussi Boris Johnson dans ce communiqué, évoquant les élections législatives qui doivent lieu dans deux ans.

La deuxième candidate déclarée, la ministre des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt, avait selon son entourage été approchée par Boris Johnson qui lui aurait demandé de se désister en sa faveur. Elle a déclaré sur la BBC qu'elle était candidate «pour gagner».

Un candidat trop controversé

Même s'ils ne le soutiennent pas, de nombreux députés conservateurs avaient pris soin de professer leur affection pour Boris Johnson, contraint à démissionner début juillet après un trop plein de scandales et de mensonges. Cet éternel optimiste et ancien «héros» du Brexit reste populaire auprès de la base du parti.

Mais pour beaucoup, y compris dans son camp, il est trop controversé pour revenir à Downing Street. D'autant qu'il fait toujours l'objet d'une enquête parlementaire, qui doit démarrer prochainement, pour établir s'il a menti au parlement sur le «partygate» ces fêtes illégales à Downing Street durant le confinement anti-Covid.

«Ce serait un désastre garanti», a déclaré dimanche Steve Baker, ministre pour l'Irlande du Nord, prédisant qu'un gouvernement Johnson imploserait en quelques mois. Rishi Sunak, gardien de l'orthodoxie budgétaire et bourreau de travail, leur apparaît comme un meilleur choix alors que le pays traverse une grave crise économique et sociale

La campagne pour remplacer Liz Truss ne durera au mieux que quelques jours. Si Penny Mordaunt ne se retire pas et atteint les 100 parrainages, les députés conservateurs voteront lundi après-midi, de manière indicative, pour indiquer à la base du parti qui est leur préféré. Les membres pourront ensuite voter en ligne jusqu'au 28 octobre. Le vote indicatif des députés n'existait pas cet été, quand les quelque 140 000 votants du parti avaient élu Liz Truss, alors que les députés lui préféraient Rishi Sunak.