Christiane Taubira et la gauche française: un «je t’aime, moi non plus» qui dure depuis les années 1990
La dernière candidate déclarée à l’élection présidentielle espère tirer profit de sa réputation de combattante pour les valeurs de gauche. Mais dans le passé, ses prises de position ont fait beaucoup de victimes dans ce camp politique
Ce moment d’histoire est devenu pour elle un boulet. Candidate déclarée à l’élection présidentielle française depuis ce week-end, Christiane Taubira dit, presque trente ans après, «avoir rapidement pris ses distances avec les manières politiques de Bernard Tapie», grâce auquel elle fut élue au Parlement européen en 1994 sur la liste «Energie radicale».
L’intéressée, il est vrai, n’était alors pas une inconnue. Deux ans plus tôt, cette enseignante en sciences économiques a créé, en Guyane, le parti indépendantiste Walwari (qui désigne un type de vannerie locale). Mieux: elle a fait son entrée à l’Assemblée nationale, en 1993, sous les couleurs du Parti radical de gauche, formation dissidente de celle qu’avait dirigé, dans le passé, l’essayiste et journaliste Jean-Jacques Servan-Schreiber. Mais la réalité est têtue: ces années-là, Bernard Tapie, soutenu en sous-main par un président François Mitterrand en fin de son second septennat, a besoin de recrues flamboyantes pour voler la vedette à son ennemi juré: l’ancien premier ministre socialiste Michel Rocard, devenu patron du PS. Christiane Taubira accepte de jouer ce rôle, tout comme l’éditrice Antoinette Fouque et l’ancien journaliste (et futur candidat écologiste à l’Elysée en 2002) Noël Mamère. Taubira et le PS… la bataille est engagée.