'The best advert for Brexit': German media savages the EU for its vaccine shambles https://t.co/7rXPBtjPI7 pic.twitter.com/Uo3DYocH64
— Daily Mail U.K. (@DailyMailUK) 27 janvier 2021
Lire ici notre suivi en continu de la pandémie
Et qui doit-on remercier de ce bon résultat? Le Brexit, bien sûr – toujours si on suit le raisonnement du Telegraph. «Le Royaume-Uni était encore dans période de transition quand il a été invité à se joindre au plan commun de l’UE pour obtenir des vaccins. La Commission négocierait pour tous et obtiendrait de meilleurs prix, en raison de sa taille. Au lieu de cela, la Grande-Bretagne a pris des mesures seule et rapidement pour s’assurer d’obtenir des vaccins AstraZeneca, trois mois avant l’UE, en utilisant une clause d’urgence. Il est généralement admis que Londres paie plus cher ses doses, mais la vitesse était cruciale. N’importe quel autre pays membre aurait pu faire la même chose mais ils ont préféré la solidarité et l’unité.» Boum.
C’est l’usage d’une clause d’urgence européenne qui a permis à Londres d’aller de l’avant, pas le Brexit, mais qu’importe, poids plume contre paquebot: l’affaire AstraZeneca cette semaine achève de polariser la presse britannique, qui défend bec et ongles ce nouveau fleuron national (suédo-britannique à la vérité), après que la compagnie a annoncé à la Commission européenne qu’elle ne pourrait fournir qu’un quart des doses promises pour le 1er semestre, 25 millions au lieu de 100. Un échec de production mal ressenti des deux côtés du Channel. «Chacun son tour! L’égoïste Europe veut nos vaccins», titrait hier The Daily Express.
EXPRESS: WAIT YOUR TURN! Selfish EU wants our vaccines #TomorrowsPapersToday pic.twitter.com/NcUnLyJNej
— Neil Henderson (@hendopolis) 27 janvier 2021
«Bruxelles a envoyé des inspecteurs dans une usine de production belge pour vérifier si AstraZeneca ne mentait pas sur ses retards de production», s’étranglerait presque le tabloïd The Sun, qui insiste sur «la guerre des vaccins» et évoque une «incroyable escalade de tensions». Mais en temps de pénurie, qui est prioritaire entre les deux clients? «Il faut de la transparence», analyse une tribune plus apaisée du Financial Times qui regrette que les contrats passés avec les laboratoires ne soient pas rendus publics: on saurait alors si le texte mentionne les «best efforts» que doit faire AstraZeneca, comme le dit son directeur, ou si l’engagement était ferme vis-à-vis de l’Union européenne et «crystal clear», comme l’a dit la présidente de la Commission européenne ce matin, Ursula von der Leyen – le mot est repris partout.
«Le covid a appris au Royaume-Uni l’importance de l’autosuffisance, estime The Times, pendant des années les conservateurs n’avaient aucune confiance dans l’idée même de stratégie industrielle, mais la pandémie a tout changé. Les vieilles certitudes de la globalisation ont explosé et les ministres se rendent compte qu’il faut rapatrier plus d’usines. Ce qu’on pensait sous Tony Blair, que le lieu de production ne compte pas, s’avère être une grossière erreur.»
These new headwinds pose a particular risk for Brexit Britain, a country stuck between two large economies with protectionist tendencies, the United States and the European Union https://t.co/1kev949EW4
— James Forsyth (@JGForsyth) 29 janvier 2021
Cela arrange l’Union européenne…
«L’exercice de vaccination du bloc était censé montrer comment les muscles financiers de Bruxelles et un sens retrouvé de la solidarité allaient profiter aux Européens, reprend The Independent. Si AstraZeneca avait été chinoise ou américaine et préparait ses vaccins loin de la Grande-Bretagne et de l’UE, toute cette histoire n’aurait pas pris cette teinte chauvine et passionnée, ce serait juste un différend commercial, mais maintenant bien sûr tout est devenu infecté par le virus du nationalisme. D’une certaine façon, cela arrange l’Union européenne d’être vue comme se dressant pour ses citoyens et exigeant leur dû, leur dû légal et moral.» Et un peu plus loin: «Cela distrait d’une façon bienvenue les critiques des Etats membres des éventuelles fautes de l’UE. Mais cela ne pourrait peut-être pas durer.»
Les nouvelles règles que Bruxelles pourrait imposer sur les exportations qui quittent le sol européen pour une destination tierce fâchent donc. «Cela pourrait empêcher l’arrivée de millions de doses de vaccin Pfizer dont le gouvernement a besoin», écrit The Sun. «Londres était en avance à cause du Brexit mais cela pourrait changer bientôt si une guerre des vaccins commence», redoute The Telegraph. Les inconvénient d’avoir quitté «the block» reviendraient, le poids économique de l’UE étant bien supérieur, et donc le marché plus intéressant pour des entreprises.
Cette petite phrase encore: «Que les Allemands remettent en cause l’efficacité d’AstraZeneca pour les plus de 65 ans n’est pas juste pour les scientifiques anglais. Et l’Europe devrait se décider. D’abord elle hésite, après elle se plaint de ne pas pouvoir en avoir assez.»