Des députés québécois défient la Constitution en refusant de prêter serment au roi Charles III
Canada
La poignée de députés de Québec Solidaire a refusé de prononcer le serment qui les lie à la monarchie britannique, comme la Constitution l'impose. D'autres devraient suivre leur exemple

Onze députés du parti Québec Solidaire (gauche), fraîchement élus lors d'élections provinciales, font de la résistance. Ils ont prêté serment, mercredi, dans un discours retransmis à la télévision «envers le peuple du Québec», mais n'ont pas voulu prêter allégeance au roi Charles III, chef d'Etat du Canada, comme la Constitution l'impose, au risque de ne pouvoir siéger à l'Assemblée nationale québécoise fin novembre.
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Le porte-parole de ce parti, Gabriel Nadeau-Dubois, a assuré ensuite lors d'une conférence de presse qu'ils avaient agi «en toute connaissance de cause». «On a fait campagne pour changer d'ère au Québec et si on nous a envoyé au parlement, c'est pour ouvrir des fenêtres», a-t-il ajouté.
Selon la loi constitutionnelle canadienne, tout député élu au niveau fédéral comme provincial doit prononcer un serment d'allégeance à la monarchie britannique afin de pouvoir siéger.
Une royauté rejetée
Vendredi, ce sera au tour du Parti Québécois de prêter serment et les trois élus souverainistes ont déjà annoncé leur intention de ne pas non plus prêter allégeance au souverain. Paul St-Pierre Plamondon, le chef du parti, avait indiqué la semaine dernière qu'il s'agissait «d'un conflit d'intérêts» car «on ne peut pas servir deux maîtres». Par ailleurs, selon lui, la monarchie coûte «67 millions de dollars canadiens par année» et ce serment est un «rappel de la domination coloniale».
Lundi, quelques personnalités publiques avaient également dénoncé l'obligation des députés de prêter allégeance à la Couronne britannique dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Interrogé mercredi sur la monarchie, le premier ministre canadien Justin Trudeau a réaffirmé «qu'il n'y avait pas un Québécois» qui souhaitait «que l'on rouvre la Constitution». Abolir la monarchie nécessite en effet de réécrire la Constitution et représenterait un effort titanesque et potentiellement des années de négociations politiques puisqu'il faut l'approbation unanime du parlement et des gouvernements des dix provinces canadiennes.
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Toutefois, dans un sondage en avril dernier, pour la première fois de l'histoire du pays une courte majorité de citoyens canadiens avait déclaré vouloir en finir avec la royauté, dont le rôle est aujourd'hui largement honorifique. Un pourcentage qui atteignait 71% au Québec.