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La difficulté des secours après le séisme

Depuis le tremblement de terre de mercredi, les secouristes travaillent sans relâche. La région étant encore secouée par de nombreuses répliques, ils sont confrontés à de nombreux problèmes

Un pompier dans la rue centrale d’Amatrice, une des localités sérieusement endommagées par le séisme de mercredi. (AFP) — © AFP or licensors
Un pompier dans la rue centrale d’Amatrice, une des localités sérieusement endommagées par le séisme de mercredi. (AFP) — © AFP or licensors

Une secouriste semble perdue et fatiguée au milieu des ambulances. Son chien, bien au contraire, est tout excité. La jeune femme fait partie de l’une des nombreuses équipes de volontaires cynophiles présente à Amatrice, proche de l’épicentre ayant secoué le centre de l’Italie, mercredi. Son animal peut sentir les victimes sous les décombres. Jeudi soir, on dénombrait 250 morts et 365 blessés. La secouriste s’arrête pour la journée, car la nuit est tombée, impossible de poursuivre les secours avec les chiens.

Un fort élan de solidarité

Mais des équipes de différents corps de la protection civile, de l’armée, se relaient sans cesse. Les pelleteuses et le va-et-vient des hélicoptères se font entendre de jour comme de nuit. Quand ils ne sont pas dans les ruines, de nombreux secouristes et volontaires arpentent les routes, parfois saturées par de nombreux véhicules, témoignage d’un fort élan de solidarité.

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Peut-être trop fort. Il s’agit d’une première difficulté pour les autorités. «Il y a une présence importante de secours, répond Fabrizio Curcio, le chef de la protection civile italienne. A Amatrice, même trop. Il faut la redimensionner en fonction des exigences réelles.» Le village a besoin de «plus de tranquillité», selon le principal coordinateur des secours.

La problématique des voies d’accès

Le fonctionnaire laisse entendre que les secours doivent mieux se répartir dans la zone sinistrée. Mais les autorités font face ici à une autre difficulté. Amatrice, outre son centre historique, s’éparpille sur des dizaines de fractions dans cette région montagneuse à la frontière entre le Latium et les Abruzzes. «Nous avons de gros problèmes concernant les voies d’accès, confie Giovanni Coviello, commandant du corps forestier de la province de Rieti, car beaucoup de ponts ne sont pas stables, certaines routes passent près d’habitations qui sont sur le point de s’écrouler. Même le passage est risqué, vu les secousses se répétant.»

Le principal tremblement de terre, à 3h36 dans la nuit de mardi à mercredi, a en effet été suivi de nombreuses répliques. A 7 heures mercredi, les autorités en avaient enregistré 470. Le travail des secours en devient plus difficile. Une violente secousse de magnitude 4,3 a par exemple fait trembler le centre d’Amatrice, hier en milieu d’après-midi (voir encadré).

«Edifices instables»

A cause de cela, «nous avons dû changer nos plans, explique Erwan Guéguain, conducteur d’une unité cynophile du secours alpin et spéléologique italien. Des répliques aussi fortes posent problème, car nous travaillons sur des édifices instables. Cela met en péril les équipes de secours.» Après une telle secousse, les équipes sont généralement rappelées pour vérifier qu’elles vont bien. Puis la stabilité des sites est à nouveau vérifiée, ce qui ralentit les secours.

Ces considérations techniques intéressent bien peu les rescapés. Maurizio n’avait hier aucune nouvelle de son frère et de sa belle-sœur. «J’attends que les secours me tiennent informé, lâche-t-il dans la matinée. Quand les pompiers sont arrivés, ils avaient besoin de leur position exacte dans l’appartement. Je leur ai dit où ils se trouvaient.» Mais à l’heure où Maurizio parlait, les secours étaient encore en train de creuser.

L’homme originaire d’Amatrice et sa femme vont passer une deuxième nuit hors de leur habitation. Une autre difficulté vient s’ajouter encore, pour les secours, mais surtout pour les survivants, restés sans leurs affaires. Amatrice se trouve à près de 1000 mètres d’altitude. La nuit, la température baisse sous la barre des dix degrés.

La terre continue de trembler

Mgr Domenico Pompili, l’évêque de Rieti, est en plein entretien. Il explique au Temps les dégâts du séisme provoqués sur les églises et sur le patrimoine culturel du village. Mais sa parole est coupée net par un sourd grondement. Le haut immeuble à quelques mètres semble danser. Pendant moins de six secondes, tous se figent. La magnitude de la secousse atteint 4,3, jeudi après-midi peu avant 15 heures. Il s’agit de l’une des centaines de répliques ayant suivi le séisme de mercredi.

Derrière le centre de commandement, où la protection civile italienne coordonne les opérations de secours, une fumée blanche s’élève. La façade d’une école vient de s’effondrer. La moitié de l’édifice s’était déjà écroulée mercredi. En dehors d’Amatrice, sur la route d’un autre village sinistré, un pont s’est effondré.

Non loin, des dizaines de survivants sont installées dans une grande salle de sport. Les secours ont préféré l’évacuer pour pouvoir effectuer des vérifications du bâtiment. De nombreuses personnes attendent à l’extérieur du centre. Un vieil homme est allongé dans un lit de fortune, à l’ombre d’un arbre, une bouteille d’oxygène à ses côtés.

Les habitants d’Amatrice sont calmes. La peur est passée. Mais ils sont surtout habitués à vivre au rythme des secousses. «Si on y prête attention, il y en a tous les jours, explique une vieille dame. Celle de mercredi a juste été beaucoup plus violente.»